Un drame est survenu dans un abattoir. Trois individus, piégés dans une chambre froide y sont morts congelés. Le patron, M. Motevalli, en blâme Abed, le vieux gardien de nuit, qui appelle immédiatement à l’aide Amir, son fils aîné, qui traîne derrière lui un vieux passé de délinquant. Les trois hommes enterrent les cadavres derrière un corps de ferme et s’espèrent quittes.
Mais quelques jours plus tard, Amir voit débouler les deux enfants d’un des disparus dont les révélations éclairent d’un autre jour les circonstances du drame.
Il y a un embouteillage de films iraniens sur les écrans depuis quelques mois : La Loi de Téhéran, Le Pardon, Le diable n’existe pas, Un héros, Les Enfants du soleil… Ils sont tous d’une excellente facture, même si peut-être La Loi de Téhéran les dépasse tous d’une courte tête. Ils ont le défaut de se ressembler un peu. À chaque fois, il s’agit de films forts, qui louchent pour certains du côté du thriller (c’était le cas de La Loi de Téhéran et c’est le cas de Marché noir), qui peignent, dans des sociétés cyniques et hypocrites, des individus abandonnés à eux-mêmes face à des dilemmes cornéliens.
C’est le cas une fois de plus de ce polar qui a reçu le prix du Jury au festival du film policier de Reims (le Grand Prix étant précisément attribué à La Loi de Téhéran). Le suspense qu’il distille nous tient en haleine ; ses personnages, notamment celui de M. Motevalli, y ont de l’épaisseur ; ses rebondissements sont nombreux ; et surtout, il nous fait découvrir l’économie souterraine et illégale du trafic de devises en Iran dans une scène particulièrement vertigineuse. Pour autant, il n’a pas une originalité telle qu’il sorte du lot et le rende inoubliable.