Le jeune Abraham Lincoln, avant de devenir un immense président, a connu une enfance misérable. Né en 1809 dans le Kentucky, cadet d’une sœur aînée (un troisième enfant décèdera en bas âge), il déménage en 1816 dans l’Indiana où ses parents cherchaient une vie meilleure en s’installant au fond des bois. Sous l’aile des anges le filme à ses dix ans, lorsque sa mère meurt d’un mal mystérieux et que son père, un homme frustre et dur, se remarie.
En 2012, l’immense Steven Spielberg consacrait à Abraham Lincoln un biopic sobrement intitulé Lincoln. Ce film, voué, avant même que sa première image soit tournée, à un succès universel, par la miraculeuse combinaison de son sujet, de l’identité de son réalisateur et du choix de ses acteurs, filmait les derniers mois de la vie du seizième président américain assassiné en 1865 après avoir fait adopter le Seizième amendement à la Constitution américaine qui abolit l’esclavage.
Deux ans plus tard, A.J. Edwards tournait un autre film sur Abraham Lincoln. Mais le prisme en était totalement différent. Le grand homme est un enfant, certes plus doué que la moyenne, mais que rien ne prédispose à un tel destin. C’est un enfant doux et sensible qui vit sous une double tutelle masculine et féminine : un père taiseux et rude à la tâche et une mère trop tôt décédée qui cède la place à une belle-mère aussi aimante qu’elle.
Montré en 2014 à Sundance, à Berlin et à Deauville, Sous l’aile des anges est diffusé aux Etats-Unis à l’automne 2014. Bizarrement, il aura fallu attendre près de huit ans sa sortie en salles en France.
A.J. Edwards est le monteur des films de Terrence Malick. L’influence du maestro est écrasante. Comme les films de Malick, Sous l’aile des anges est quasiment muet et fait un usage parfois bien encombrant de la voix off. Comme les films de Malick, Sous l’aile des anges est monté comme un long clip vidéo, comme une interminable bande-annonce. Comme les films de Malick, Sous l’aile des anges est un film panthéiste, qui filme la nature en de longs panoramiques à ras des herbes hautes, langoureusement caressées par des acteurs et des actrices qui y caracolent façon Laura Ingalls dans La Petite Maison dans la prairie.
On pourrait penser, après avoir lu ce paragraphe venimeux, que je n’ai rien aimé dans ce faux biopic. Ce serait excessif. Sous l’aile des anges est un film qui enchantera les fans de Terrence Malick et de son cinéma élégiaque. Je le déconseille radicalement aux autres. Quant à moi, qui ne puis rétrospectivement m’empêcher de considérer Une vie cachée ou The Tree of Life comme des chefs d’oeuvre, des chefs d’oeuvre boursouflés, mais des chefs d’oeuvre quand même, je ne sais pas trop si j’ai aimé ou pas Sous l’aile des anges.