Élue reine de l’alpage, Vedette est une vache majestueuse de huit cents kilos. Ses propriétaires, Elise et Nicole, lui sont très attachées. Mais quand Vedette vieillit et est détrônée, elles doivent se résoudre à monter à l’alpage sans elle et à la laisser aux bons soins de leurs voisins.
Claudine Bories et Patrice Chagnard forment un couple de documentaristes engagés unis par la même passion cinématographique et les mêmes valeurs politiques. J’avais beaucoup aimé Les Arrivants, leur tout premier documentaire, en 2010, sur le parcours semé d’embuches des demandeurs d’asile, et je n’avais pas raté les deux suivants Les Règles du jeu (2014) sur la réinsertion professionnelle de jeunes chômeurs dans le Nord-Pas-de-Calais et Nous, le peuple (2019) sur la rédaction par plusieurs groupes de citoyens d’un projet de Constitution.
Les deux septuagénaires changent radicalement d’horizon avec ce documentaire rural, tourné dans la vallée alpine où ils passent la moitié de l’année. C’est à eux qu’est échue la lourde responsabilité de veiller sur Vedette pendant l’absence d’Elise et de Nicole.
Ce « cow-sitting » peu ordinaire va susciter avec le formidable bovin une relation que Vedette essaie de nous faire toucher du doigt. Vainquant ses réticences initiales, Claudine, que filme Patrice, se rapproche de Vedette, la nourrit, la caresse, lui parle.
Le documentaire se veut politique, écologique : un plaidoyer antispéciste en faveur d’une cohabitation harmonieuse de l’homme et de l’animal et une réfutation par l’exemple de la théorie cartésienne de l’animal-machine qui a suscité trois siècles d’exploitation animale. Emmanuel Gras avait déjà exploré le même sillon avec Bovines en 2012.
Tout cela est fort intéressant…. mais très ennuyeux. Quelques minutes après s’être réjoui de la beauté de certains paysages alpestres, à commencer par celle de son affiche – dont on sent que les co-réalisateurs ne veulent pas faire le clou du film – on s’ennuie sec devant ce remake pas drôle de La Vache et le Prisonnier.