La documentariste Perrine Michel filme les équipes de soignants de l’unité de soins palliatifs d’un hôpital parisien. Pendant son tournage, elle apprend que sa mère est atteinte d’un cancer de la gorge qui se révèlera vite incurable. Elle choisit alors un montage alterné : d’un côté les images de l’hôpital où elle prend vite le parti de se focaliser sur les soignants et de ne nous apprendre des patients que ce qui se dit d’eux lors des réunions médicales, de l’autre un spectacle chorégraphié (un « mouvement ») sur lequel est montée la voix de la réalisatrice, enregistrée en direct à l’occasion des longues conversations téléphoniques qu’elle a eues avec sa mère, avec son frère expatrié en Australie, avec sa sœur cadette, avec ses amis…
Juger un documentaire, c’est souvent juger le sujet qu’il traite. La fin de vie en est un bouleversant qui ne peut évidemment que susciter l’émotion et le recueillement.
Ceci étant dit, on peut porter deux regards radicalement différents sur ces Équilibristes – dont le titre renvoie peut-être aux soignants sommés de trouver la bonne attitude ou alors aux patients qui vacillent entre la vie et la mort ou encore aux danseurs qui défient les lois de la gravité. Le premier serait d’approuver le choix de la réalisatrice de faire résonner le sujet de son reportage avec l’expérience traumatisante qu’elle a elle-même vécue en accompagnant sa mère à la mort. Le second serait de lui reprocher cet attelage un peu métronomique – une scène à l’hôpital succède à un mouvement de danse qui succède à une scène à l’hôpital, etc. – là où on aurait préféré qu’elle se focalise sur cette unité de soins palliatifs qu’on aurait aimé mieux découvrir.