Sylwia est une pro du fitness polonaise. À force de sacrifice, elle a sculpté un corps de rêve. Ses cours de fitness qu’elle relaie sur les réseaux sociaux sont suivis par une foule de fidèles. Cette influenceuse compte plus de six cent mille abonnés. Mais l’immense popularité de Sylwia cache une immense solitude.
Sweat traite d’un sujet éminemment contemporain et profondément original. Il filme trois jours de la vie d’une influenceuse, cette profession qui dit-on fait désormais autant rêver les enfants que celle de footballeur ou de pop star et qui consiste, si je l’ai bien comprise, à profiter de la célébrité acquise sur les réseaux sociaux pour y faire la publicité rémunérée des produits fournis par des annonceurs.
Cette surmédiatisation remet en cause les frontières entre la vie publique et la vie privée. Mieux : elle les nie, l’influenceur.se promettant à ses followers de partager avec eux sa vie privée.
On pourrait se moquer de cette nouvelle profession, en stigmatiser l’artificialité, en dénoncer la vacuité. Il est facile d’imaginer que l’image avantageuse que donnent ces influenceur.ses est à mille lieux de la réalité moins glamour de leur quotidien.
L’écueil de Sweat était de se borner à ce message-là.
Je n’arrive pas à savoir si Sweat justement s’y borne ou s’il est plus malin que ça. Pendant tout le film, j’ai soupiré : « Bon… ça va… on a compris …. la jeune bodybuildeuse glamour est en vérité une pleureuse en manque d’amour ». Mais, avec le recul, je trouve au personnage de Sylwia plus d’épaisseur que je ne lui en concède. Les événements traumatisants qu’elle vit – et qu’elle provoque – dans la seconde partie du film – et que je tairai pour ne pas être accusé de divulgâchage – sont plus émouvants que la visite dominicale prévisible qu’elle rend à sa mère pour son anniversaire dans la première.
Sweat est un film polonais dont je ne sais pas s’il est emblématique de ce pays et de sa récente évolution politique et sociologique. Je serais curieux de ce que Hollywood pourrait faire d’un tel sujet.