Elvis : son prénom seul suffit à résumer la légende.
Pourtant rien ne prédisposait ce jeune homme timide, issu d’une famille modeste du Mississipi, à devenir une star mondiale. Rien sinon peut-être sa rencontre en 1955 avec l’homme qui deviendra, pour le meilleur et pour le pire, son impresario jusqu’à sa mort vingt ans plus tard : le « colonel » Parker.
Baz Luhrmann choisit un angle original pour raconter la vie d’Elvis : le point de vue de son impresario, un aigrefin doublé d’un manipulateur joué par le méconnaissable Tom Hanks qui prend manifestement une joie mauvaise à abandonner pour une fois les rôles de parfaits Américains qui ont fait sa gloire.
Il le fait dans le style qui est sa marque de fabrique depuis Romeo + Juliet et Moulin rouge : un kitsch revendiqué – qui ne dépare pas avec l’esthétique du King – allié à un montage clippesque (sic) qui donne le tournis. Elvis nous en met plein les yeux. Au point qu’on se demande si nos tympans et nos pupilles seront capables d’y résister pendant près de trois heures. Mais, bien vite, on s’habitue à ce rythme démentiel et on se laisse prendre à ce spectacle décoiffant qui fait passer le temps si vite.
Pourtant, Elvis n’a rien de très original. Comme tant d’autres biopics, il raconte l’ascension, la gloire et la chute d’une star. L’action a beau s’étaler sur plus de deux décennies, les héros n’y vieillissent pas – il est vrai que Elvis meurt à quarante-deux ans à peine, ivre de drogue et de médicaments. Plus grave, on a l’impression que les Etats-Unis ne changent pas entre 1955 et 1977.
Elvis a beau durer 2h39, le scénario ne fait qu’effleurer les moments les plus importants de la vie d’Elvis. Bien sûr, deux scènes mythiques en marquent le début et la fin : l’un de ses premiers concerts publics où ses déhanchements suggestifs hystérisent l’auditoire et scandalisent les forces de l’ordre, l’un de ses tout derniers, à Las Vegas où il réussit encore, à force de volonté, malgré la mort qui vient, à susciter l’émotion.
Tom Hanks, son ironie matoise et son accent incompréhensible manquent de voler la vedette à Austin Butler, qui est peut-être un peu trop lisse pour le rôle. Mais l’interprète d’Elvis est tellement beau, tellement sexy, qu’il lui sera beaucoup pardonné.