Verónica (Mariana di Girolamo, l’incandescente danseuse de Ema) est l’épouse d’un joueur de football chilien à la renommée internationale. C’est aussi une mannequin et une influenceuse, omniprésente sur les réseaux sociaux. Après quelques années à Dubaï, elle revient avec son mari au Chili. Malgré sa popularité, Verónica vit mal la naissance de son bébé.
La Verónica repose sur un parti pris formel audacieux dont la bande annonce souligne le vertige. Il est entièrement tourné en plan fixe où son héroïne apparaît face caméra. Sacré défi scénaristique que La Verónica relève brillamment : chaque plan est immédiatement compréhensible et s’inscrit dans la continuité du précédent.
On y découvre une héroïne ambiguë : Veronica est-elle une starlette superficielle et narcissique ? une maman en plein baby blues qui chasse son spleen en pourchassant une célébrité artificielle ? ou une dangereuse manipulatrice prête à tout pour atteindre son but ?
La Verónica rappelle Sweat, le film polonais sorti en juin dont l’héroïne était une influenceuse en mal d’amour. Il est d’ailleurs intéressant que deux cinémas aussi éloignés que peuvent l’être le polonais et le chilien se soient emparés quasiment en même temps de cette figure-là, si contemporaine et désormais si universelle. Sweat soulignait la limite entre vie publique et vie privée : où se niche notre intimité si toute notre vie privée s’affiche sur les réseaux ? La Verónica est plus complexe. C’est d’ailleurs plus un portrait de femme qu’une réflexion sur les réseaux sociaux.
L’exercice frôle la sortie de route et menace un temps de fonctionner à vide. Mais le scénario de La Verónica est suffisamment rythmé et suffisamment malin pour maintenir la tension – et l’attention. Son dénouement est bluffant et justifie l’intérêt de ce film qu’on aurait tort de réduire à un pur exercice de style.