Kemal est un fils de Molenbeek, cette banlieue de Bruxelles devenue tristement célèbre comme creuset du terrorisme islamiste. Au grand dam de sa mère (Lubna Azabal), il aime les motos, le rap et l’argent facile. Son jeune frère, Nassim, l’idolâtre. Pour échapper à la police belge qui le recherche pour ses petits trafics, Kemal décide en 2012 de partir en Syrie. Il y découvre à son corps défendant la logique meurtrière que Daech déchaîne contre tous ses ennemis.
Tandis qu’il essaie de s’échapper de Racca et que son frère se fait embrigader, sa mère va tout faire pour les sauver l’un et l’autre.
La radicalisation, comment des jeunes Occidentaux, de confession musulmane ou fraîchement convertis, s’y laissent attraper au risque de s’y perdre : le thème est d’une brûlante actualité. Le cinéma s’en est saisi au point qu’on frise l’overdose devant les films sur ce thème depuis quelques années : La Désintégration, Made in France, Les Cowboys, Le ciel attendra, Mon cher enfant, Exfiltrés, Le Jeune Ahmed, L’Adieu à la nuit… sans oublier la remarquable mini-série Kalifat diffusée sur Netflix pendant le Covid.
Rebel a l’inconvénient de venir après cette longue série. Il ne raconte rien qu’on n’ait déjà vu : le malaise identitaire d’une jeunesse déboussolée qui croit trouver dans l’islam un refuge, le départ en Syrie et la brutale découverte d’un ordre violent et implacable, les tentatives anxiogènes de s’en évader, le coup de chapeau à la résistance kurde et à ses courageuses guerrières, etc….
Mais Rebel ajoute à ce défaut là deux autres, bien plus gênants. Le premier est d’esthétiser la violence qu’on prétend dénoncer, au risque de la complaisance.
Le second est la caricature dans laquelle Rebel verse souvent. Ses personnages sont tout d’une pièce, réduits au trait de caractère qu’ils sont censés incarner. Le héros, jeune, séduisant et sympathique et positif – quelles que soient les fautes qu’ils aient commises. L’humanité dont il fait preuve avec la femme, Noor, qu’il se voit attribuer au marché des esclaves, atteste de son bon fond. Nassim, le petit frère – bien jeune pour le rôle d’un candidat au Djihad – incarne l’enfance bafouée et instrumentalisée. Leur mère est tout à la fois Mater Dolorosa et Mère courage, prête à tout pour sauver ses deux enfants – au point qu’on se demande comment tant de qualités ont pu conduire à l’échec de leur éducation.
Rebel achève de se décrédibiliser avec les trois clips videos qui s’intercalent dans le récit, comme si le viol d’un personnage ou la mort d’un autre se racontait mieux en chantant. Ô secours Michel Sardou !