Deux jeunes femmes, l’une brune, l’autre blonde, toutes deux prénommées Marie, vivent un rêve éveillé où elles s’autorisent une vie « dépravée ». Elles se font inviter au restaurant par de vieux messieurs libidineux, dînent à l’œil dans un dancing dont elles se font expulser, barbotent dans une baignoire remplie de lait, saccagent un buffet, dont elles essaient vainement de recoller les débris…
Les Petites Marguerites est un film-culte qui est ressorti début septembre en version restaurée au Reflet Médicis. Tourné en 1966 à Prague, il est devenu le symbole du vent de liberté qui soufflait alors en Tchécoslovaquie, brutalement éteint par les chars russes en août 1968.
Les Petites Marguerites est un film de la Nouvelle vague, inspiré de Godard et du dadaïsme. Formellement, Věra Chytilová joue avec les filtres, les couleurs, le noir et blanc. La morale du film est ouvertement libertaire et ne pouvait que déplaire aux hiérarques communistes qui l’interdirent dès sa sortie. Ses héroïnes, innocemment dénudées, sont filmées dans une succession de situations transgressives où leur absence de retenue sonne comme autant de provocations anarchistes. Le film, qui débute et s’achève par des images d’archives de bombardements aériens et de villes en ruines, est ironiquement dédicacé à « ceux dont la seule source d’indignation est une salade piétinée »
Sans doute Les Petites Marguerites mérite-t-il sa place dans les anthologies. C’est une œuvre clé d’un moment de l’histoire du cinéma. Pour autant ses aimables provocations ne transgressent plus aucun tabou. Sa succession répétitive de saynètes devient vite lassante, même si le film a le bon goût de durer moins de quatre-vingts minutes.
Je n’en avais jamais entendu parler… et pour cause, semble-t-il.