Six jeunes gens vont tourner un film X dans un corps de ferme loué à bas prix à un couple de paysans hors d’âge au fond du Texas en 1979. Ils ignorent que la nuit tombée, ils subiront un déchaînement de violence meurtrière qui les décimera.
Ti West s’amuse à tourner un remake du cultissime Massacre à la tronçonneuse. Il en reprend les ingrédients essorés qui, depuis près de cinquante ans, constituent la trame du teenage scaring movie, le film d’horreur pour ados (et mettant en scène des ados) : une groupe de jeunes gens qu’unissent la même joie de vivre et la même candeur virginale, une cabane inhospitalière au fond des bois distillant une lourde atmosphère, un ou plusieurs criminels sanguinaires et tarés, une tendance fâcheuse des innocentes victimes à se séparer pour tomber, les unes après les autres sous les coups de leur bourreau. Le résultat produit son lot de jump scare (litt. « saut de peur ») et, chez le spectateur adolescent, un délicieux plaisir masochiste que je n’ai jamais compris ni partagé (on me dira que j’ai passé l’âge de ressentir un plaisir adolescent devant ces films interdits aux moins de seize ans mais dont la cible se situe paradoxalement un peu en dessous de cet âge).
Ce genre de films-là même s’il nous tient en haleine et nous fait nous tortiller d’angoisse sur notre siège ne contient aucun suspense. On sait par avance qu’il se terminera par la mise à mort systématique de la quasi-totalité des protagonistes. La seule interrogation est sur l’ordre de leur décès (en général, c’est le bon camarade, noir de préférence, qui est tué le premier), la modalité des crimes et l’identité du dernier survivant (en général une vestale candide qui révèlera dans les épreuves qu’elle traverse une résilience qu’on ne lui avait pas soupçonnée)
X, malgré la réputation élogieuse qui le précède, ne déroge pas à ces règles convenues. Sa seule qualité est peut-être la lenteur de sa première partie, qui recule au maximum l’orgie de violence qu’on attend et qui fait lentement mais sûrement monter le suspense. De peur de se faire taxer de vieux phallocrate dépravé, on ne mettra pas au nombre de ses qualités les scènes X qui y sont tournées par un producteur cynique et un jeune réalisateur idéaliste avec deux starlettes émancipées, un étalon infatigable et une preneuse de son bégueule qui ne le restera pas longtemps.
Jouant peut-être sur la polysémie de la lettre X (qui désigne indifféremment des films pornographiques ou la génération qui suit celle des babyboomers) , X se leste d’une réflexion sur la sexualité du quatrième âge, plus peccamineuse en tous cas certainement moins photogénique que celle, assumée et triomphante, que les jeunes personnages entendent vivre et filmer librement. L’idée n’est pas idiote ; mais elle ne suffit pas à elle seule à donner à ce film une substance dont il manque cruellement.