Margot (Anya Taylor-Joy) et Tyler (Nicholas Hoult), un couple de jeunes amoureux, embarquent à bord d’un petit bateau de croisière pour une soirée exclusive. Avec dix autres convives, ils vont dîner dans le restaurant du chef Julian Slowik (Ralph Fiennes) installé dans une île coupée du monde. Mais la soirée ne se déroulera pas comme prévu.
Pour vous mettre l’eau à la bouche (c’est le cas de le dire !), regardez la bande-annonce de ce film. Au programme du Menu, un réjouissant mélange de genres :
– la réunion dans un lieu clos, façon Agatha Christie (Le Crime de l’Orient-Express, Mort sur le Nil…) et ses récents épigones (Coup de théâtre, Murder Party, À couteaux tirés…), d’une douzaine de personnages cachant probablement chacun de lourds secrets ;
– une intrigue construite quasiment en temps réel, le temps d’un repas, autour du chef d’un restaurant étoilé à la The Chef ;
– une satire grinçante des outrances de la haute gastronomie à la mode de Ruben Östlund (The Square, Sans filtre) ;
– le décor paradoxalement claustrophobe d’une île déserte et le huis-clos qu’il installe comme dans la série Lost ;
– le surgissement d’une violence atavique façon Sa majesté des mouches, The Wicker Man ou Midsommar.
Présenté ainsi, Le Menu est alléchant.
Mais hélas le résultat fait pschitt.
Très vite, trop vite, les pauvres ficelles de ce drame horrifique sont révélées. Elles tiennent en une phrase : au terme d’une vie de travail, un chef au sommet de sa gloire, entouré d’une brigade qui lui est corps et âme dévouée, se vengera de la médiocrité de ses convives en les entraînant dans un jeu de massacre suicidaire. On le comprend au bout de quelques minutes et on n’a plus ensuite qu’à voir ce programme sans surprise se dérouler jusqu’à son issue fatale. Les rares rebondissements ne réussissent pas à dynamiser un scénario léthargique et convenu.
Seuls piments à ce Menu insipide : le jeu de Ralph Fiennes, toujours parfait en héros dépressif (il avait déjà le même sourire navré dans The Constant Gardener) et la beauté de Anna Taylor-Joy, renversante en robe de soirée ultra-moulante.
C’est vrai que Anya (et non Anna, Yves !) Taylor-Joy est à tomber ! Mais je suis moins d’accord sur le déroulement du scénario : je suis peut-être trop bon public, mais j’ai eu le sentiment d’être surpris à chaque scène, le prévisible étant truffé de rebondissements.