Dans l’arrière-pays tunisien, au lever du soleil, un pick-up vient chercher la vingtaine d’hommes et de femmes qui vont, toute la journée, cueillir les figues d’un verger. Le patient travail sous la frondaison des arbres fruitiers s’effectue lentement. Les jeunes filles échangent des confidences, sous le regard des aînés. Des relations s’ébauchent…
Sous les figues est le premier film de la documentariste tunisienne Erige Sehiri. Il frappe par la rigueur de son dispositif théâtral : toute une journée durant, on ne quittera les pentes de ce verger où l’on verra se croiser tous les protagonistes. Une de ses faiblesses est qu’on peine à les identifier, même si progressivement, les silhouettes de Fidé, la plus libérée, Sana, la plus conservatrice, ou Melek se dessinent. Peut-être le scénario aurait-il été plus efficace s’il s’était concentré sur un nombre plus limité de personnages, par exemple sur Abdou, qui vient réclamer à son oncle des droits sur la terre dont il a été spolié et qui fut le premier amour de la jeune Melek.
Sous les figues interroge les rapports de genre et le poids du patriarcat sur des jeunes filles à la recherche d’une impossible émancipation. Il interroge aussi, avec moins de finesse, les rapports de classe à travers la figure du chef, notamment dans la scène de la distribution des gages. Autant de sujets graves et importants qui expliquent l’accueil bienveillant qu’a reçu Sous les figues à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes le printemps dernier. Pour autant, ce marivaudage trop convenu et vite ennuyeux n’a pas réussi à m’embarquer.