En 2069 sur son lit de mort le roi Alfredo se remémore son passé. Encore prince, cinquante ans plus tôt, alors qu’il achevait ses études d’histoire de l’art, il avait obtenu de ses parents l’autorisation de travailler dans une brigade de sapeurs-pompiers. Il y était tombé amoureux de son instructeur, le bel Alfonso. Mais la mort du père d’Alfredo et son accession au trône avaient eu raison de cette idylle.
Sorti en salles en septembre dernier, désormais disponible en DVD, Feu Follet nous vient du Portugal. Son format est surprenant : il dure une heure et sept minutes seulement. Son style l’est encore plus : Feu Follet s’affiche comme une comédie musicale durant laquelle on verra à trois reprises les acteurs pousser la chansonnette et se lancer dans un ballet plus ou moins impromptu.
C’est surtout un film queer à la sensualité revendiquée et omniprésente. La passion que le jeune Alfredo nourrit pour la pinède royale est lourde d’arrière-pensées érotiques, de fiers troncs durs dressés, de montées de sève printanières. La caserne de pompiers où il est affecté est un nid d’éphèbes dénudés qui préparent la prochaine édition du calendrier. Les gestes de premier secours auxquels Alfonso initie Alfredo sont l’occasion de frôlements exquis.
Les deux jeunes gens se retrouvent bientôt seuls dans une forêt calcinée. Alfonso est nu, adossé à un arbre, dans une pose de Saint Sébastien. Alfredo ne reste pas habillé très longtemps. Les deux pompiers s’aiment en s’échangeant des mots doux qui résonnent avec le passé colonialiste du Portugal, leur différence de classe et leur différence de peaux.
Feu Follet est traversé par une légèreté qu’on trouvera, selon les cas, charmante ou superficielle. Son hédonisme joyeux est sans doute sa principale qualité, sa modestie son principal défaut.