Sangok est une actrice coréenne sur le retour qui a longtemps vécu aux Etats-Unis. On la suit pendant vingt-quatre heures alors qu’elle est revenue à Séoul chez sa sœur cadette qui l’héberge et qui se promène avec elle avant un rendez-vous important. Sangok doit rencontrer un réalisateur qui la vénère depuis toujours et qui souhaite lui proposer un rôle. Mais Sangok se voit dans l’impossibilité de l’accepter.
Voilà des années que je vais voir tous les films de Hong Sangsoo et que, systématiquement, je les déteste tous. Ce snobisme et ce masochisme interrogent. Mais étonnamment, ils auront fini par payer : alors que j’étais persuadé de ne pas aimer le vingt-huitième film de ce prolixe réalisateur, il m’a séduit à rebours de toutes mes préventions.
Pourtant il semblait réunir tous les ingrédients qui m’avaient fait détester ces précédents opus. Sa brièveté (quasiment aucun film d’Hong Sangsoo ne dépasse les quatre-vingt-dix minutes), ses interminables plans fixes dont la monotonie n’est guère rompue que par des zooms pas toujours maîtrisés, ses non moins interminables dialogues filmés alternativement en plein air ou dans un restaurant enfumé où l’alcool coule à flots et délie les langues, ses personnages enfin d’actrices en mal de rôles et de réalisateurs en mal de films….
Si Juste sous vos yeux m’a touché, c’est par son sujet, moins frivole que les précédents films de Hong Sangsoo. Ils avaient souvent pour thème des histoires d’amour malheureuses ou, plus généralement, l’incompréhension qui caractérise les rapports hommes-femmes. Est-ce l’effet de l’âge du réalisateur qui a franchi en 2020 le seuil des soixante ans ? Ils se lestent depuis quelques épisodes de sujets plus graves : la maladie, la mort… Mais l’inconséquence masculine en constitue toujours le contrepoint burlesque.
Pour moi l’effet a été soporifique, mais pour y être aller après le déjeuner, la faute est entièrement personnelle.