Peter (Hugh Jackman), la cinquantaine, est un brillant avocat new-yorkais. Récemment divorcé de Kate (Laura Dern) dont il avait eu un fils, Nicholas, aujourd’hui adolescent, il a épousé Beth (Vanessa Kirby) et a eu avec elle un second enfant.
Nicholas, qui vit avec Kate, va mal. Il sèche les cours et se heurte sans cesse à sa mère. Peter accepte de reprendre Nicholas chez lui et de l’inscrire dans un nouveau lycée.
Deux ans après l’éclatant succès de The Father (deux Oscars du meilleur acteur et de la meilleure adaptation, le César du meilleur film étranger… et une place dans mon Top 10 2021 !), Florian Zeller adapte à nouveau l’une de ses pièces.
Son principal handicap : la comparaison avec cet encombrant précédent auquel The Son hélas n’arrive pas à la cheville. The Father réussissait un pari fou : nous faire vivre de l’intérieur la désorientation d’un vieil homme frappé par la maladie d’Alzheimer. Rien de tel dans The Son à la mise en scène beaucoup plus classique – même s’il faut reconnaître à Florian Zeller l’immense qualité de ne pas faire du « théâtre filmé ».
Son sujet : la dépression adolescente.
Nicholas s’enfonce dans le puits noir du mal-être. Son mal-être n’a aucune cause identifiable : aucun chagrin d’amour, aucun trouble identitaire ou sexuel, aucune angoisse clairement définie. Nicholas n’a tout simplement plus le goût à rien.
Il a peut-être une cause : la séparation de ses parents, qu’aucun flashback ne vient décrire mais qui constitue le point nodal du film. Elle a dévasté sa mère : Laura Dern joue à la perfection cette femme quinquagénaire que son mari quitte pour une femme plus jeune et plus séduisante. Et par ricochet, elle a dévasté Nicholas.
The Son décrit avec beaucoup de justesse cette dépression et ses répercussions sur ses parents désemparés, sur le couple que Jack a refondé avec sa nouvelle compagne et sur sa brillante carrière, sur le point de prendre un nouveau tournant à Washington.
Une scène – qui ne figurait pas dans la pièce de théâtre – est l’occasion d’un cameo d’Anthony Hopkins, bluffant de cruauté.
The Son s’étire pendant plus de deux heures. Son dernier quart est impressionnant. On ne pourra rien en dire sans en gâcher le plaisir. Mais bornons-nous à évoquer la scène qui l’ouvre, aussi déchirante que celle hyper référentielle du Choix de Sophie. Et regrettons, pour conclure, le fâcheux penchant du scénario à explorer les deux branches de l’alternative qu’il avait dessinée. Une fois (dans le taxi du retour), passe encore ; mais deux fois (le dîner final), c’est un peu too much !
Ps : Est-ce la calanque de Figuerolles, près de La Ciotat, que j’ai reconnue dans un plan du film ?
Vu à sa sortie, et j’en ai malheureusement déjà oublié les 3/4.
Mais il est vrai que la fin, qui déchire le coeur, rattrape presque l’ennui et les longueurs du reste.