Empire of Light ★★★☆

Hilary (Olivia Colman) travaille dans une vieille salle de cinéma d’une petite ville balnéaire du sud de l’Angleterre. Elle vit seule ; sa santé mentale est fragile. Stephen (Micheal Ward) y est recruté. Il est noir, en butte au racisme qui grandit dans l’Angleterre des 80ies et n’a qu’un rêve : quitter cette vie et entrer à l’université.

Après James Gray (Armageddon Time), après Steven Spielberg (The Fabelmans), c’est au tour de Sam Mendes, l’un des réalisateurs britanniques les plus célèbres de Hollywood (American Beauty, Jarhead, Les Noces rebelles, deux James Bond crépusculaires et 1917) de nous livrer son film le plus autobiographique. À l’instar de The Fabelmans – ou de Babylon ou de Cinema Paradiso qui ressort ces jours ci dans quelques salles – Empire of Light se présente comme une ode au cinéma et à sa magie perdue. C’est peut-être le signe d’une époque où le monde du cinéma, inquiet de la prophétie récurrente de sa disparition prochaine, en ravive le culte nostalgique. Mais Empire of Light est moins un film sur le cinéma – on ne verra guère que quelques affiches défraichies des Blues Brothers, de Elephant Man ou des Chariots de feu – que sur la salle de cinéma.

Hollywood a inventé un mot pour ce genre de film-là : workplace comedy. Faute d’en avoir une, Hilary s’est créé une famille sur son lieu de travail, entre un patron détestable (Colin Firth) qui s’imagine que les entretiens qu’il a avec elle porte close trompent son monde, un collègue facétieux et compréhensif (Tom Brooke) et un projectionniste taiseux (Toby Jones). Cette petite routine sera bousculée par l’arrivée d’un corps étranger, Stephen.

Deux histoires se mélangent. La première, celle de Hilary, de sa dépression chronique façon Requiem for a Dream, était, à mon avis, la plus intéressante, d’autant qu’elle est servie par l’interprétation hors pair d’Olivia Colman. Quel parcours incroyable que celui de cette actrice qui, à rebours de tous les standards, a été découverte à la quarantaine seulement ! Sam Mendes, dans les interviews qu’il donne, raconte qu’il s’est inspiré de sa mère, poétesse et géniale et schizophrène récidiviste.
Le problème de Empire of Light réside dans la seconde histoire qu’il tisse avec la première. J’ai trouvé que le personnage de Stephen, ses ambitions, le racisme auquel il est confronté, manquaient d’originalité. Plus grave : j’ai trouvé que le couple qu’il formait avec Hillary, de vingt ans son aînée, ne fonctionnait jamais.

Pour autant, tous ces défauts, bien visibles, n’ont pas suffi à gâcher mon plaisir. J’ai aimé l’ambiance feutrée de ce film, son image superbe, ses personnages mélancoliques.

La bande-annonce

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