Radio al-Salam est une radio fondée en 2015 en réaction à l’occupation par Daech du nord de l’Irak. Basée à Erbil, au Kurdistan irakien, cette radio a pour objectif de favoriser la réconciliation et la paix, en diffusant, en arabe et en kurde, des reportages et de la musique à destination des populations déplacées arabes, chrétiennes, kurdes, yézidies qui affluaient dans la région suite aux avancées de Daech.
Si la chute de l’Organisation de l’Etat islamique libère Mossoul du joug tyrannique de Daech, la ville, distante d’Erbil de quatre-vingts kilomètres à peine, est en ruines, les populations déplacées attendent dans des camps de fortune leur réinstallation et la réconciliation prendra du temps.
Xavier de Leauzanne consacre le deuxième volet de sa trilogie « La Vie après Daech » à sept journalistes qui travaillent dans cette radio. Le premier volet, 9 jours à Raqqa, était consacré au nouveau maire de cette ville-martyre, qui fut pendant quatre ans la capitale de l’Etat islamique. Le troisième, qui sortira bientôt, filme les étudiants de l’université de Mossoul en pleine reconstruction.
En toute liberté documente un pays qui peine à panser ses plaies. Les images des immeubles en ruine de Mossoul, sur les rives du Tigre, sont apocalyptiques et laissent augurer l’ampleur des travaux et les fonds nécessaires avant le retour à la normale.
En toute liberté raconte les efforts déployés par une radio indépendante pour encourager le « vivre-ensemble ». Elle le fait dans ses reportages sur le terrain auprès des personnes déplacées mais aussi dans ses émissions où elle ouvre ses ondes à tous les témoignages.
Elle le fait surtout – et c’est tout le message du documentaire – à travers l’exemple qu’elle donne dans sa diversité humaine. Ses sept journalistes, quatre hommes et trois femmes, représentent un échantillon quasiment parfait de la sociologie des personnes déplacées qui ont trouvé à Erbil un refuge, après l’invasion américaine et la guerre en Syrie : un Kurde d’Iran, une yézidie qui a failli tomber aux mains de Daech à Sinjar en août 2014, un jeune Syrien sunnite qui confesse avoir flirté avec l’extrémisme, un chrétien…
SI bien sûr, on ne peut, sauf à manquer de cœur et de raison, que prendre fait et cause pour cette noble entreprise, on s’autorisera néanmoins quelques réserves sur ce documentaire qui en fait le panégyrique. À commencer par un titre passe-partout qui pourrait être utilisé pour bien d’autres sujets et dont, ici, la pertinence ne saute pas aux yeux – le Kurdistan irakien jouissant d’une très grande autonomie est une région qui s’administre librement et qui reconnaît la liberté d’expression. Ensuite la promotion du « vivre-ensemble » est un concept qui fait sens à nos oreilles françaises mais dont on peut se demander s’il n’est pas trop occidentalo-centré.
Enfin – et c’est le reproche le plus grave que j’adressais d’ailleurs déjà à 9 jours à Reqqa – les journalistes de Radio al-Salam sont tellement héroïsés, sans contrepoint, que En toute liberté finit par se réduire à un long clip publicitaire.