La jeune réalisatrice Lysa Heurtier Manzanares filme, dans un parc parisien, neuf hommes et femmes évoquant très librement leur sexualité. Julien, encore vierge, partage sa frustration. Cordula raconte l’emprise qu’elle a subie alors qu’elle était adolescente. Mélusine parle de BDSM. Judith, une femme transgenre, évoque son pénis et la façon dont il a réussi à l’accepter.
Le titre de ce documentaire sonne comme une revendication. Il s’agit de parler en plein jour, dans le cadre ouvert d’un espace public, de ce qui relève du plus intime. Si les interviews réalisées par Lysa Heurtier Manzanares avaient été tournées dans un espace clos, elles auraient eu un effet tout autre. Dans ce parc, paisible et aéré, elles se nimbent de douceur et de romantisme même si les sujets abordés ne sont pas toujours tendres.
On imagine les trésors de patience déployés par la réalisatrice pour trouver des témoins, discuter avec eux, gagner leur confiance. On est curieux de savoir combien lui ont fait faux bond, sont revenus sur leurs témoignages ou lui ont demandé de les couper au montage.
Car il faut un sacré courage pour accepter de témoigner, face caméra, avec son nom au générique, sur des sujets aussi intimes.
Qui trop embrasse mal étreint. S’il faut saluer son audace, En plein jour a aussi ses limites. La première est sa durée : une heure à peine, scandée par la succession assez morne et vite répétitive de neuf interviews au format par trop semblables avec, entre elles, des plans séquences bucoliques et anonymes.
La seconde est son sujet : la sexualité est un continent immense et En plein jour aurait peut-être dû se focaliser sur un de ses aspects.
Sur le même sujet et dans un format similaire, sans qu’il soit besoin d’invoquer les mânes de Pasolini (Enquête sur la sexualité), j’ai préféré Préliminaires, le documentaire très juste d’Arte sur la sexualité des adolescents.