Noémie (Agnès Jaoui), une scénariste de talent, la cinquantaine, est invitée à Toulouse pour y donner une master class dans une école de cinéma. Son directeur, Vincent (Jonathan Zaccaï) se trouve être un ancien amour avec qui elle a vécu pendant cinq ans avant de le quitter pour un réalisateur italien en lui écrivant une ultime lettre de rupture.
Le Cours de la vie est un jeu de mots qui se veut spirituel, du genre de ceux que je goûte d’habitude.
Il s’agit d’une part d’un cours de cinéma donné par une grande professionnelle jouée par Agnès Jaoui qui en impose par la richesse et l’ecléctisme de sa carrière d’actrice-réalisatrice-scénariste. Les conseils qu’elle prodigue aux étudiants sur la façon de caractériser ses personnages, qui doivent être à la fois « universels » et « uniques », s’ils sont un peu didactiques sont d’ailleurs très justes.
Il s’agit d’autre part et surtout d’une réflexion tendre amère sur la vie qui passe, sur les regrets et les remords qu’elle fait naître. J’adore ce carburant là, la nostalgie étant, de tous les sentiments humains, celui qui me touche le plus profondément.
Cours de cinéma + réflexion nostalgique sur les amours perdues : Le Cours de la vie rassemblait a priori pour moi tous les ingrédients d’un film réussi.
Hélas, la déception est grande tant Frédéric Sojcher multiplie les fautes de carre. La première est dans la direction d’acteurs. Alors qu’il avait de l’or entre les mains, il réussit à rendre insipides et mièvres tant Agnès Jaoui, réduite au rôle de prof sympa riche d’une longue expérience, que Jonathan Zaccaï, quinquagénaire figé dans la grimace douloureuse d’une blessure d’amour jamais cicatrisée. Le pire est les jeunes étudiants de cette école de cinéma, galerie de caricatures – le séducteur, le jaloux, la gender fluid, les deux homos – qui vont jusqu’à pousser la chansonnette : des personnages de jeunes qui, dans leur langage (quel jeune utilise le mot « ringard » ?), dans leur costume (le pull et le polo d’Antoine ne dépareraient pas dans une affiche du RPR), dans leurs attitudes, ont les traits de vieux.
La musique est signée Vladimir Cosma, quatre-vingts ans passés, dont on se souvient qu’il connut son heure de gloire en signant celle de La Boum au début des 80ies.
Mais le plus rédhibitoire est l’histoire d’amour des deux héros, qui se dévoile progressivement, ou plutôt qui se révèle dans son inanité. Car il n’y a pas grand-chose à en dire sinon qu’ils se sont aimés, ont vécu cinq ans ensemble et se sont séparés. Noémie a continué sa vie ; Vincent, lui, est resté bloqué sur cette rupture. Comme de bien entendu, leurs retrouvailles, trente ans plus tard, permettront de solder les comptes. Les réconcilieront-elles ? Pas besoin… puisqu’ils ne s’étaient jamais brouillés. Ne manquaient plus dans la scène finale que l’orage qui éclate et les larmes qui se mélangent avec les gouttes de pluie qui ravinent leurs visages ridés. Merci au réalisateur de nous avoir évité cette caricature là à défaut de toutes les autres qu’il nous inflige.