Le jeune réalisateur Armel Hostiou a découvert un beau jour qu’un autre compte Facebook à son nom avait été créé à Kinshasa par un homme qui se faisait passer pour lui et invitait des Kinoises crédules à s’inscrire à un casting pour son prochain film. Moitié embarrassé par cette histoire, moitié séduit par son potentiel romanesque, Armel Hostiou s’est rendu à Kinshasa à la recherche du brouteur qui avait usurpé son identité.
Pour mener son enquête, il s’est installé dans une résidence d’artistes et s’est fait aider par deux de ses pensionnaires, Peter, le gérant du lieu qui s’est vite pris au jeu, et Sarah, une artiste plasticienne.
Un documenteur est une oeuvre de fiction qui emprunte la forme d’un documentaire et donne l’illusion de la réalité. Le mot est savoureux. J’hésite à lui préférer fauxcumentaire, qui pêche peut-être par ses deux premières syllabes. Vous en avez déjà vu sans le savoir : Le Projet Blair Witch, les films de Sacha Baron Cohen (Borat I et II, Brüno…), l’excellent Guy de Axel Lutz, Tout simplement noir de Jean-Pascal Zadi…
Le Vrai du faux est donc un documenteur où l’on peine à distinguer… le vrai du faux. Armel Hostiou a-t-il imaginé cette histoire de la première à la dernière ligne ? Ou a-t-il été réellement victime d’une usurpation d’identité ? Dans la seconde hypothèse, a-t-il filmé la vraie enquête qu’il a menée à Kinshasa ? Ou l’a-t-il scénarisée de toutes pièces ?
Ce serait parer de plus de vertus qu’il n’en a ce sympathique documentaire en y voyant la troublante interrogation sur l’identité à laquelle son réalisateur veut nous inviter : en refusant, nous dit-il, de supprimer ce second compte, auquel Facebook trouvait plus de réalité qu’au sien, « la situation laissait entendre que si l’autre [lui] n’était pas le faux, et bien le faux c’était {lui] ».
Le Vrai du faux n’est pas une envoûtante quête existentielle. Ce n’est pas non plus et ça ne prétend pas être un thriller haletant à la recherche du faux Armel avec courses poursuites en voiture et twists renversants. Mais ce n’en est pas moins un documentaire dépaysant et plein d’auto-dérision.