La quarantaine, Daniel traverse une mauvaise passe. Il vient d’être mis à pied de l’académie de police où il était chargé d’instruire les jeunes recrues. Privé de salaire, contraint de licencier son assistante de vie, il doit s’occuper de son vieux père impotent. Sa seule planche de salut est la relation virtuelle qu’il entretient avec Sara, qu’il a rencontrée sur les réseaux sociaux. Sur un coup de tête, il décide de traverser le Brésil pour faire sa rencontre. Mais Sara glisse entre les doigts de Daniel qui ne comprend pas son entêtement à lui échapper.
Le Champ des possibles (audacieuse traduction de Deserto Particular) repose sur un mystère qu’on a scrupule à lever mais que révèlent sans vergogne l’affiche du film, la lecture attentive de son casting et la quasi-totalité des critiques qui en rendent compte.
Ami lecteur qui n’aimez pas être spoilé et qui avez prévu, malgré sa diffusion confidentielle, d’aller voir ce film, interrompez ici votre lecture ! Les autres ont déjà compris que Sara est un garçon et que son refus de rencontrer Daniel s’explique par la crainte de sa réaction homophobe.
Le premier tiers du film installe le décor et laisse planer le doute sur l’identité de Sara – même si quelques indices semés ici ou là, telle l’annonce de l’homosexualité de la sœur de Daniel, nous mettent la puce à l’oreille. Longtemps retardée, la rencontre des deux hommes a enfin lieu dans le deuxième tiers du film, provoquant inévitablement la surprise et la colère de Daniel. Son troisième tiers tranche la question binaire de la réaction de Daniel : violente comme le laissent augurer les faits à l’origine de sa mise à pied ? ou pacifiée ?
J’ai aimé ce Champ des possibles pour plusieurs raisons.
La première est la moins évidente. Elle renvoie pourtant à un phénomène très contemporain, très cinématographique et pourtant encore peu exploité à l’écran : les rencontres in real life suscitées par les réseaux sociaux. Il y a là, selon moi, matière à mille histoires comiques, dramatiques, policières….
Les deux autres sont plus classiques. Elles concernent les deux héros du film. Daniel incarne la virilité masculiniste é-branlée dans ses convictions. Sara, lui (si j’ose dire), est un superbe portrait de travesti, d’une beauté confondante, qui peine à trouver sa place dans un monde qui lui est spontanément hostile. Sans doute l’épilogue du film est-il un peu trop convenu. Mais il nous livre une belle leçon d’humanité et d’espoir.