Deux conseillers immobiliers (Bruno Podalydès et Karin Viard), employés par l’agence Wahou ! essaient de vendre à des acheteurs réticents deux biens : une vieille maison pleine de charme de la fin du XIXème, mais nécessitant de lourds travaux et située au-dessus d’une voie ferrée, et des appartements petits, sans charme mais fonctionnels d’un immeuble construit de fraîche date dans le prétendu « triangle d’or de Bougival ».
J’aime beaucoup le cinéma drôle, intelligent, modeste et joyeusement surréaliste de Bruno Podalydès : Dieu seul me voit, Comme un avion, Les Deux Alfred… Je suis d’autant plus déçu par ce Wahou ! – que je rebaptiserais volontiers Bof voire Pouah.
Bruno Podalydès raconte dans le dossier de presse l’avoir tourné entre amis en quatre semaines « pour rigoler ». On le croit volontiers… en revanche on rigole moins. On a un peu l’impression de faire effraction chez une bande de copains à un barbecue auquel on n’aurait pas été invité. J’ai conscience que l’argument peut aisément se retourner. D’autres que moi pourraient dire : d’un film à l’autre, on retrouve chez les Podalydès la même tribu familière qui nous accueille à bras ouverts.
Mais plus que cette vraie/fausse familiarité, ce qui m’a dérangé, c’est la construction du film et son propos, très (trop) appliqué.
Sa construction : Wahou ! ressemble à un film à sketches racontant, en une dizaine de tableaux tous les cas d’école qu’un agent immobilier peut rencontrer. Tout y passe : le visiteur taiseux (Denis Podalydès qui a dû passer une journée sur le plateau pour tourner cette scène sans parole) ou au contraire l’hyper-bavarde (Isabelle Candelier), la bande d’amis qui décide de « refaire la Belle Équipe » avant de s’entre-déchirer, les jeunes couples amoureux pressés de tester la résistance du matelas de la chambre à coucher, les vendeurs qui ne veulent pas vendre, les acheteurs qui ne veulent pas acheter….
Son propos : déménager est, on le sait, une expérience traumatisante. On hésite toujours à quitter son chez-soi ; on hésite encore plus à prendre la décision souvent irréversible d’acheter un nouveau chez-soi. Le processus sert souvent de révélateur des tics et des tocs de chacun voire des failles jusqu’alors invisibles ou soigneusement colmatées qui menacent la solidité d’un couple.
Le propos est entendu et un peu convenu. Wahou ! ressemble à sa sage mise en image. Bruno Podalydès est suffisamment doué pour faire le job correctement. Il peut s’appuyer sur la solide expérience de ses acteurs, à commencer par Sabine Azéma, dans une joyeuse caricature d’elle-même qu’on n’avait plus vue depuis longtemps, et par Eddy Mitchell, qui joue décidément horriblement mal mais auquel il sera beaucoup pardonné. Mais on sent que Podalydès n’a pas forcé son talent pour réaliser ce qui restera hélas un petit film français oubliable.