Gabriel Laurens, un détective privé spécialisé dans la filature des couples adultères, vient de perdre sa vieille mère quand sa nièce, Jade vient lui annoncer le décès de son frère jumeau dans de mystérieuses circonstances. Sur l’insistance de Jade, Gabriel accepte de la raccompagner chez elle, dans une luxueuse demeure à la frontière espagnole, et de mener l’enquête.
Claude Schmitz est un jeune réalisateur wallon venu du théâtre. Son premier film, Braquer Poitiers, avait obtenu le prix Jean Vigo en 2019, indice d’un talent en éclosion. Son deuxième, en revanche, Lucie perd son cheval, m’avait laissé au bord du chemin. J’avais peur que son troisième produise le même effet.
Mais j’ai été agréablement surpris par ce mélange foutraque qui joue avec les genres. L’Autre Laurens est un néo-polar à l’intrigue alambiquée façon Le Faucon maltais. Un acteur de second plan, Olivier Rabourdin, qui depuis trente ans court après un premier rôle, y partage le haut de l’affiche avec une Lolita bombissime, Louise Leroy, qui ressemble à Alice Isaaz, le talent en moins. Leur chemin croise celui d’une veuve sans scrupules (Kate Moran), de deux flics décalés, d’un groupe de Hells Angels perpignanais dirigés par Marc Barbé, d’un Marine américain, pilote d’hélicoptère et d’une bande de trafiquants espagnols.
Aussi mal joué soit-il, L’Autre Laurens n’en reste pas moins un film étonnant qui ne ressemble à rien de ce qu’on a coutume de voir sur grand écran, à mi-chemin, si on ose dire, de Preminger pour le scénario et de Marc Dorcel pour les décors. Si son intrigue, qui flirte avec les deux tours d’horloge, aurait gagné à être ramassée, on ne s’y ennuie pas un seul moment.