Le Garçon et le Héron ★★★☆

Mahitio a onze ans. La Seconde Guerre mondiale fait rage au Japon. Il perd sa mère dans l’incendie qui détruit Tokyo et part à la campagne avec son père, qui y dirige une usine aéronautique. Sa nouvelle belle-mère, déjà enceinte de son père, le prend sous sa coupe. Avec la complicité d’un héron cendré doué de parole, Mihito découvre un passage secret qui le mène dans un monde parallèle. Il y pénètre dans l’espoir d’y retrouver sa mère.

Hayao Miyazaki, 82 ans, est de retour, dix ans après Le vent se lève. Il avait pourtant, à plusieurs reprises déjà, annoncé sa retraite. Pour le plus grand soulagement de ses fans, il n’a pas tenu sa promesse.

Le Garçon et le Héron sonne un peu comme un film testamentaire et comme la synthèse de ses films précédents. On y trouve, comme dans Le vent se lève ou dans Porco Rosso, un ancrage historique bien réel et ici largement autobiographique (fils d’un ingénieur en aéronautique, Miyazaki est né en 1941 et sa famille a fui Tokyo en 1944 pour se protéger à la campagne des bombardements). Son héros est un pré-adolescent – ici un garçon alors que souvent il s’agissait d’une jeune fille (Le Voyage de Chihiro, Le Château ambulant). Comme Alice au pays des merveilles, ce héros effectue un voyage initiatique dans un monde imaginaire peuplé d’étranges créatures. Il en ressort transformé et grandi et y aura trouvé, comme Mihito à la fin du Garçon et le Héron les moyens d’y dépasser le traumatisme originel qu’il avait subi.

Si la palette de Miyazaki est immédiatement reconnaissable, si on retrouve dans son dernier film les mêmes situations, les mêmes personnages que dans les précédents, cette répétition ne produit aucune lassitude. Au contraire. C’est avec un plaisir toujours renouvelé qu’on se laisse emporter dans cet univers à l’imagination débridée, tout à la fois mystérieux et familier.

J’aurai vu trois films magistraux ces dernières semaines : Killers of the Flower Moon, L’Enlèvement et Le Garçon et le Héron. Ils sont chacun signés par un immense réalisateur octogénaire au sommet de son art. Aucun de ces films n’est crépusculaire. J’ai dit du Garçon et le Héron qu’il était testamentaire – dans la mesure notamment où il ouvre dans son dernier tiers une réflexion sur l’héritage et la succession – mais testamentaire et crépusculaire ne sont pas la même chose.
Je ne sais que penser de cette concomitance. Faut-il déplorer que de jeunes réalisateurs se voient éclipsés par de vieilles gloires et que les meilleurs films qu’on nous propose en cet automne 2023 soient les mêmes que ceux qu’on nous proposait déjà il y a vingt ans à l’époque de Gangs of New York, de Buongiorno, Notte ou du Voyage de Chihiro ? ou doit-on au contraire se féliciter qu’avant de passer la main ces immenses réalisateurs trouvent encore l’énergie de nous léguer un dernier témoignage de leur impressionnante maîtrise et de leur foisonnante créativité ?

La bande-annonce

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