Graphiste dans un cabinet d’architecture à Lyon, Vincent, la trentaine, mène une vie banale jusqu’au jour où il est sauvagement agressé par un stagiaire puis par le comptable de son entreprise. Ces réactions ultra-violentes deviennent de plus en plus fréquentes. Chaque regard que Vincent croise avec un inconnu provoque chez celui-ci une bouffée irraisonnée de violence lui rendant bien vite la vie en société insupportable. Vincent doit quitter son travail et sa ville. Il part se réfugier sur la côte atlantique dans la résidence secondaire de ses parents. Sa route y croise bientôt celle de Margaux (Vimala Pons).
Le cinéma français s’aventure depuis peu sur des terrains qu’il n’avait pas osé défricher. Il s’essaie à imaginer la fin du monde. Titane, Acide, Le Règne animal flirtent avec l’anticipation et le film catastrophe. Des séries avaient ouvert la voie. Je pense en particulier au Secret d’Elise ou aux Revenants.
Le pitch de Vincent doit mourir est saisissant. Un homme d’un seul regard suscite une haine meurtrière. Un tel pitch soulève deux catégories de questions. La première renvoie à une interrogation que le scénario pourra, ou pas, lever : quelle est l’origine de cet inquiétant phénomène ? S’agit-il d’une hallucination d’un sujet paranoïaque ? Ou bien, s’il est bien réel, est-il limité à sa seule personne ? en voie de se généraliser à d’autres ? l’effet d’un virus ?
La seconde, plus riche encore, est la conséquence pratique d’une telle situation. Comment vivre, ou plutôt survivre, si un seul regard nous met en péril de mort ?
Le premier tiers du film est celui de la lente prise de conscience par Vincent de son état. C’est le meilleur, mais aussi celui que déflore la bande-annonce et celui qui réserve le moins de surprise, surtout si l’on vient de lire ces lignes. Le deuxième est celui où il en tire les conséquences, essayant d’organiser sa nouvelle vie, en limitant au maximum les interactions sociales, en apprenant quelques rudiments de sports de combat et en achetant (comment y est-il parvenu sans interagir avec le propriétaire du chenil ?) un rottweiler pour se défendre.
Il faut attendre le troisième pour voir arriver l’autre tête d’affiche, Vimala Pons. Elle incarne un amour impossible, comme on en a vu plusieurs déjà, par exemple dans des films de vampire, un amour voué à se détruire s’il était consommé. La relation entre Vincent et Margaux soulève des questions auxquelles je n’ai pas trouvé la réponse : comment Margaux peut-elle regarder Vincent dans les yeux sans se muer en bête furieuse ? Mais surtout, elle me semble, malgré l’immense talent des deux acteurs, banale et sans enjeu. À tel point que les deux seules conclusions possibles du film – ils s’entretuent / ils s’apprivoisent – qui sont successivement montrées, auraient pu tout aussi bien l’une que l’autre être retenues.
et bien après avoir lu votre résumé, je suis prévenue. je n’irai pas le voir . Déjà « le règne animal » m’avait paru insupportable.