Alex (Finnegan Oldfield) a été condamné à des heures de TIG dans l’association dirigée par Noëlle (Valérie Lemercier). Elle accueille des jeunes LGBT rejetés par leurs familles.
Des foyers de jeunes, laissés à eux-mêmes, qui se reconstruisent difficilement grâce à l’attention que leur portent leurs éducateurs et grâce à l’affection chahuteuse que leur prodiguent les autres pensionnaires, on en a vu treize à la douzaine : Dalva, La Mif, Mon frère, Conséquences, La Tête haute, States of Grace, Fish Tank, Dog Pound… À tel point que leur description est devenue un genre cinématographique en soi.
L’Arche de Noé, avec son titre, son affiche et son pitch tellement bien-pensants, a pris le risque d’explorer ce sillon déjà maintes fois labouré. D’ailleurs, sa maigre distribution en salles, la quasi-absence de publicité au moment de sa sortie et sa disparition, trois semaines à peine après le 22 novembre, démontrent à la fois que ses distributeurs n’ont pas cru à son succès et qu’il n’a pas su trouver son public. Espérons qu’il ait une seconde vie en VOD et à la télévision où je fais le pari qu’il sera souvent (re)diffusé.
Car L’Arche de Noé est une réussite totale. Il réussit à nous prendre par la main pour nous faire pénétrer dans les murs de cette association, nous en présenter les règles – notamment celle qui limite à six mois la durée maximale du séjour et oblige donc les locataires à élaborer et mettre en oeuvre un projet de réinsertion avant cette échéance – et les acteurs. Signe d’une mise en scène réussie et d’une direction impeccable : chaque rôle secondaire trouve sa place et a son identité attachante, Krystal et Princesse, les travestis en pleine transition, Elsa, qui tait derrière ses cheveux rouges un traumatisme enfoui, Melvin, gamin mutique dévoré par la honte de ses pulsions, Brian, énorme nounours rongé par ses démons….
Certes L’Arche de Noé ne contient guère de surprises. Il se conclut exactement de la façon dont on le pressentait dès la première scène. Mais il ne verse jamais dans le film à thèse dans lequel chacun des personnages et chacune des situations auraient comme unique fonction d’évoquer un aspect des difficultés rencontrées par ces jeunes. Il réussit à rendre vivants et profondément attachants des caractères qui n’auraient pu être que des caricatures ou des prétextes.