Un Anglais prénommé Arthur (Josh O’Connor, le jeune prince Charles de The Crown) sort de prison et revient en Toscane sur les traces de Beniamina son amour défunte. Arthur possède un don hors du commun qui permet à la bande de voyous avec qui il s’est acoquiné de localiser des tombes étrusques enfouies et d’écouler en contrebande les œuvres d’art qui y étaient ensevelies.
Alice Rohrwacher est, comme son nom ne l’indique pas (son père, violoniste allemand, épousa une enseignante italienne et devint apiculteur en Ombrie), une réalisatrice italienne. Ses trois précédents films – Corpo celeste (2011), Les Merveilles (2014), Heureux comme Lazzaro (2018) – lui valent le titre écrasant d’étoile montante du cinéma transalpin.
Alice Rohrwacher a un style bien à elle, quelque part entre le néo-réalisme italien, l’onirisme fellinien et le réalisme magique latino-américain. La Chimère en est l’exemple le plus abouti. Film intemporel, censé se dérouler dans les 80ies, mais qui aurait aussi bien pu se dérouler quarante ans plus tard ou plus tôt (Heureux comme Lazzaro jouait déjà sur cette indétermination), il suit un scénario très lâche, sans grand enjeu, qui constitue tout au plus un prétexte pour raconter les pérégrinations de son héros.
Josh O’Connor, sexy en diable, y interprète un Anglais perché, doté d’un don dont il ne sait que faire, débarqué en Italie on ne sait comment. Son chemin croise celui d’une vieille aristocrate qui refuse d’accepter le décès de sa fille et sur laquelle ses autres filles veillent dans un brouhaha joyeux. Dans un palais décati, cette douairière, majestueusement interprétée par Isabella Rossellini, donne des cours de chant à une jeune femme prénommée Italia (Carol Duarte). Comme dans tous les films d’Alice Rohrwacher, sa sœur aînée, Alba, fait une apparition, dans le rôle d’une trafiquante d’oeuvres d’art.
La Chimère est un peu trop foutraque à mon goût. Et beaucoup trop long. Il aurait pu, sans préjudice, être écourté d’une bonne demi-heure. Ses deux heures et dix minutes sont inutilement diluées, même si sa dernière scène, référence transparente à la catabase (!) d’Orphée et d’Euridyce, est sublimement poétique.