Yanji est une ville de Mandchourie à la frontière de la Corée du nord célèbre, l’hiver venu, pour ses sculptures sur glace. Trois personnes s’y croisent : Haofeng, un jeune trader dépressif venu de Shanghai y assister au mariage d’un ami, Nana, une guide touristique, et Xiao, un jeune sans éducation employé dans le restaurant de sa tante.
Un hiver à Yanji est vendu comme un Jules et Jim chinois. Il y a tromperie sur la marchandise. Un hiver à Yanji n’a pas la légèreté ni la sensualité de son prestigieux modèle truffaldien. S’il campe un triangle amoureux, ses différents côtés sont inégaux. Nana et Xiao sont amis de longue date au début du film ; peut-être une relation se serait-elle nouée entre eux avec le temps ; mais l’arrivée de Haofeng et la passion qui naît entre Nana et lui lève cette hypothèque. Autre côté négligé du triangle : il n’y a aucune alchimie, ni amicale, ni homo-érotique, entre Haofeng et Xiao. Point de triangle donc, mais en fait deux segments de droite avec Nana à leur intersection.
Moins que le trio formé par ces trois personnages, le véritable héros du film est la ville de Yanji. Le film commence d’ailleurs par un long plan quasi-documentaire, où l’on voit des travailleurs, lourdement harnachés pour éviter de tomber dans l’eau, débiter des blocs de glace sur la rivière. Yanji abrite une nombreuse communauté coréenne. Le chinois et le coréen y sont indifféremment utilisés. Un parc d’attraction sur la Corée y a même été ouvert, qui accueille les touristes chinois en mal d’exotisme.
Un hiver à Yanji aurait pu creuser cette veine documentaire et dresser le portrait de cette ville frontière, à cheval sur deux pays et sur deux cultures. Il opte pour une veine plus fictionnelle et se focalise sur les trois personnages principaux qu’il accompagne dans une longue errance dans les montagnes qui surplombent la ville et où se perche un lac céleste.