Victor, la quarantaine, est professeur de lettres. Il quitte le lycée qui l’emploie pour une année sabbatique. Il découvre, sans guère s’en formaliser, que sa femme entretient une liaison avec un collègue de travail. Il ne se laisse pas démonter pour autant et part à bicyclette sur le chemin de Compostelle avec l’épouse de ce collègue. Mais il lui fausse bientôt compagnie pour musarder sur les bords de la Loire. Il y retrouve d’anciennes maîtresses et y fait de nouvelles rencontres.
Pascal Thomas a bientôt quatre-vingts ans. Alors que ses collègues du même âge (Martin Scorsese, Wim Wenders, Hayao Miyazaki) tournent encore des chefs d’oeuvre, Pascal Thomas nous offre le spectacle piteux d’un cinéaste à bout de souffle qui n’a plus rien à dire. Honnête faiseur du cinéma français, il a toujours creusé le même sillon : celui des amours hédonistes, des liaisons éphémères, des passions fugitives… Pour prendre un seul exemple de son répertoire, hélas significatif, citons Celles qu’on n’a pas eues tourné en 1981 avec Michel Aumont, Daniel Ceccaldi, Michel Galabru et Bernard Menez : des hommes, dans un compartiment de train, racontent leurs déboires amoureux.
Ce cinéma-là a terriblement mal vieilli. Le féminisme et #MeToo en ont définitivement invalidé les lourds sous-entendus machistes des mâles alphas très bêtas. Dans les années 2000, Pascal Thomas a eu la bonne idée d’explorer un nouveau genre : celui du remake loufoque des romans d’Agatha Christie. Il a déniché Catherine Frot et André Dussollier pour y jouer. Le succès a été au rendez-vous, surtout auprès des seniors.
Après le flop retentissant de À cause des filles ? en 2019, Pascal Thomas revient cinq ans plus tard avec un nouveau film qui se revendique toujours de la légèreté et du dilettantisme (La Dilettante n’était-il pas son film le plus réussi ?). Las, cette chronique sentimentale fait pschitt.
La faute à un scénario qui accumule les séquences comme autant de sketches interchangeables et plus ou moins dispensables : Victor aurait pu, sur son chemin, croiser deux amies de plus ou de moins sans que l’économie de l’histoire s’en ressente.
La faute plus encore à une interprétation calamiteuse, à commencer par le héros interprété par Alexandre Lafaurie dont on se demande pour quelle raison il a décroché le rôle sinon ses liens de parenté avec le réalisateur ou avec sa fille, Nathalie Lafaurie, qui a cosigné le scénario. Pascal Thomas a demandé à ses anciens complices de jouer quelques scènes : on voit passer Pierre Arditi, Anny Duperey, Hippolyte Girardot, Irène Jacob… et la seule chose qu’on se dise est qu’ils ont beaucoup vieilli.