Fanni (Mélanie Thierry) feint la folie pour entrer au pavillon des aliénés de La Salpêtrière en 1894 afin d’y retrouver sa mère qui y aurait été enfermée trente ans plus tôt. Mais elle va bientôt se retrouver prisonnière d’un système carcéral inhumain qui cherche moins à soigner les malades qu’à les opprimer.
Il faut reconnaître à Arnaud des Pallières, dont la dernière réalisation, Journal d’Amérique, m’avait pour le moins dérouté, un certain talent pour planter un décor et raconter une histoire. Le décor, c’est l’asile de fous de La Salpêtrière à la toute fin du dix-neuvième siècle. Charcot vient de mourir. Ses travaux sur l’hystérie sont en train de révolutionner la médecine. Mais on y perpétue encore des pratiques barbares. Parmi celles-ci, le « bal des folles » organisé chaque année pour satisfaire la curiosité malsaine du tout-Paris et lever des fonds pour l’hôpital.
L’histoire, c’est celle, pour le moins rocambolesque, d’une femme qui, à l’insu des siens, se laisse enfermer, au risque d’y demeurer recluse à jamais, dans l’asile où elle suspecte sa mère disparue d’avoir été cloîtrée. Sans doute un esprit rationnel aurait-il eu recours à une autre stratégie : solliciter la police ? mobiliser la presse ? recruter un détective privé ? Mais, si tel avait été le cas, le film aurait perdu de son piquant.
Toujours est-il que cette idée de départ nous permet de pénétrer à l’intérieur de La Salpêtrière, en suivant notre héroïne dans un long plan-séquence filmé en très gros plan, qui souligne l’horreur des lieux. Elle y fera vite la rencontre de personnages hauts en couleur : des gardiennes sadiques et des malades avec lesquelles se créera une réconfortante sororité. Pour les interpréter, Arnaud des Pallières a convoqué le gratin du cinéma français : Carole Bouquet – qu’on n’avait plus vue depuis longtemps aussi majestueuse -, Josiane Balasko, Marina Foïs dans un rôle qui rappelle celui qui valut l’Oscar de la meilleure actrice à Louis Fletcher dans Vol au-dessus d’un nid de coucou, Yolande Moreau, Elina Löwensohn, l’égérie de Bertrand Mandico, Lucie Zhang, la révélation des Olympiades, etc.
Captives a un défaut. Il marche sur les traces de deux films qui racontaient exactement la même histoire : Augustine, dont l’héroïne était une aliénée (Sonko) traitée par le professeur Charcot (Vincent Lindon) et Le Bal des folles de et avec Mélanie Laurent, adapté de l’excellent premier roman de Victoria Mas, sur lequel le scénario de Captives semble avoir été copié au risque du plagiat.
J’ai lu un article sur ce film récemment, et son synopsis m’a beaucoup intrigué. Je suis adepte de ce type de drame historique et j’ai hâte de découvrir celui-ci, ainsi que Le Bal des Folles, que je n’ai toujours pas vu.