Linda a huit ans. Depuis la mort de son père, Paulette, sa mère, l’élève seule. Injustement punie par elle qui, pour se faire pardonner, lui promet de lui passer tous ses désirs, Linda réclame un poulet aux poivrons, souvenir nostalgique de la cuisine que lui mitonnait son père. Mais c’est la grève générale et tous les magasins sont fermés. Pour trouver un poulet, Paulette et Linda se lancent dans une folle odyssée.
Le pitch comme le titre de Linda veut du poulet ! pourraient dissuader bien des adultes d’aller voir ce film d’animation que le festival Télérama a eu la pertinence de reprogrammer en début d’année pour ceux qui, comme moi, en avaient raté la sortie en octobre dernier. Ils auraient bien tort de rater ce petit bijou, cristal du long métrage au dernier festival d’Annecy.
Co-réalisé par Sébastien Laudenbach, qui avait signé La Jeune Fille sans mains, Linda veut du poulet ! en a la même délicatesse de traits, la même gracieuse esthétique, pleine de couleurs et d’énergie. J’ai eu la chance d’entendre sa co-réalisatrice, l’italienne Chiara Malta, venue présenter son film aux dimanches de l’ACID. Elle en parle avec autant d’intelligence que de sensibilité. Linda… est un film pour enfants qui traite de sujets graves. Le deuil : il faut ne pas avoir de cœur pour ne pas verser une larme sur le chagrin de Linda et de Paulette. Le vivre-ensemble : la cité HLM où se déroule l’action (sommes-nous près de Paris ou en province ?) ressemble à un petit village chaleureux dont tous les personnages se tiennent les coudes jusqu’au joyeux sabbat final.
Entrecoupé de séquences musicales dispensables, Linda… est joué par de vrais acteurs dont on reconnaît les voix, Clotilde Hesme, Laetitia Dosch et surtout Esteban à la diction inimitable. C’est un spectacle drôle, tendre, attachant, qui plaira aux grands comme aux petits, à ne pas manquer.