Catherine Parr (Alicia Vikander) est la sixième et dernière épouse du roi Henry VIII (Jude Law). Obèse, affligé par la goutte, le roi quinquagénaire est au crépuscule de sa vie. De furieuses colères l’emportent qui le conduisent à des décisions insensées qui tétanisent son entourage. Une guerre d’influence se joue en coulisses autour de sa succession, imminente, qui pourrait échoir à Edouard, le fils qu’il a eu avec Jane Seymour, ou bien à Marie, son aînée, fille de sa première épouse Catherine d’Aragon, dont l’accession au trône signifierait le retour de la Couronne au catholicisme, ou encore à Elizabeth, la fille d’Anne Boleyn, exécutée trois ans après sa naissance.
Si l’on connaît un peu l’histoire d’Angleterre, ou la célèbre comptine « Divorced, Beheaded, Died…. », on connaît par avance le destin de Catherine Parr. Son personnage a été éclipsé par ceux plus tragiques de Catherine d’Aragon ou d’Anne Boleyn, et la fin du règne d’Henry VIII est moins documentée que la naissance de l’anglicanisme. C’est pourtant sur elle que le réalisateur brésilien Karim Aïnouz (La Vie invisible d’Eurídice Gusmão) décide de braquer les feux en adaptant l’épaisse biographie d’Elizabeth Fremantle.
L’interprétation de Jude Law, méconnaissable, est impressionnante. Le visage mangé par sa barbe, le corps déformé par la maladie, c’est un ogre malfaisant, imprévisible et tyrannique. Alicia Vikander a du mal à exister face à un tel monstre. Son rôle, ingrat, la réduit à la passivité.
Si Le Jeu de la reine est un film historique en costumes, il ne sort jamais du château où le roi et la Cour se sont réfugiés pour échapper à une épidémie de peste (l’épisode est apocryphe, l’épidémie de peste qui força Henry VIII à quitter Londres eut lieu vingt ans plus tôt et le roi mourut dans son palais de Whitehall au centre de la capitale anglaise). Accusée de soutenir les radicaux, Catherine Parr est prisonnière de ces murs, avec ses demoiselles de compagnie et les trois enfants du roi qu’elle a pris sous sa protection.
Le Jeu de la reine est un film très maîtrisé. On serait bien mesquin de lui reprocher les libertés qu’il prend avec l’Histoire, s’agissant notamment des circonstances de la mort du roi. En compétition à Cannes l’an dernier, il n’a pas soulevé l’enthousiasme et n’a décroché aucune récompense. Sa froideur, son austérité sont les causes de cette désaffection.