Quelque trois cents ans se sont écoulés depuis la mort de César, le chimpanzé qui a conduit l’insurrection des singes et leur prise de pouvoir sur la Terre, au détriment des humains. Mais les singes sont désormais divisés et organisés en clans séparés les uns des autres. L’un d’entre eux, où vit, Noa, un jeune chimpanzé particulièrement intelligent, est décimé par un raid meurtrier lancé par Sylva et ses sbires. Les survivants deviennent les prisonniers de Proximus, qui entend reprendre à son compte l’héritage de César, créer un royaume dont Proximus prendrait la tête et utiliser les anciennes technologies humaines pour asseoir son pouvoir. Pour briser son hubris, Noa va s’allier à une humaine, Mae.
En 1963 le Français Pierre Boulle écrit un bref roman qui devient immédiatement un best-seller. Les droits sont achetés par Hollywood qui le porte à l’écran en 1968. Le film est un succès mondial. Sa scène finale – qui ne figurait pas dans le livre – est restée gravée dans les mémoires. Des suites, de plus en plus médiocres, sont tournées en 1970, 1971, 1972 et 1973. En 2001, Tim Burton en refait l’adaptation. Il est de bon ton d’en dire du mal.
En 2011, la Fox décide de redémarrer (« rebooter ») la franchise. Trois films sont prévus qui raconteront comment les singes sont devenus les maîtres de la Terre sous la direction de leur charismatique leader. Leurs titres ont manifestement désorienté leurs traducteurs français. Rise of the Planet of the Apes a été traduit La Planète des Singes : Les Origines. Dawn of the Planet of the Apes devient L’Affrontement. Et le troisième opus, War of the Planet of the Apes est traduit Suprématie.
En 2019, Disney rachète Fox propriétaire des droits et décide de lancer une nouvelle trilogie. La réalisation en est confiée à Wes Ball qui avait fait ses preuves aux commandes de la trilogie Le Labyrinthe.
Le film a coûté plus de 150 millions de dollars – soit le PIB d’un petit État micronésien. Le spectateur amateur de pop corn en aura pour son argent. Les décors sont stupéfiants ; les acteurs filmés en motion capture sont impressionnants de naturel, à tel point que Freya Allan, l’interprète de Mae, la seule actrice dont on voit le visage, semble moins réelle qu’eux.
Mais le problème est que, à son dixième (!) opus, la franchise n’a plus rien d’original à nous proposer. Ce Nouveau Royaume sent le réchauffé. Les thèmes du spécisme, du racisme, du droit des animaux, voire de l’écologie et de l’apocalypse nucléaire traversaient les épisodes précédents. Ils constituent ici plus un prétexte qu’un sous-texte, comme si les scénaristes avaient renoncé à toute ambition de les utiliser intelligemment. Le Nouveau Royaume se trouve réduit à un banal film d’aventures où le combat des gentils contre les méchants culmine dans une interminable bataille finale à l’issue prévisible. Reste à insérer dans cette scène finale un cliffhanger annonçant l’épisode prochain pour appâter les gogos comme moi qui viendront voir dans deux ou trois ans le onzième épisode.
Merci pour cette analyse. Les singes, ces seuls êtres qui restent avec nous de la florissante famille des primates. Ils questionnent sans fin notre différence supposée et son origine. Le pourquoi. Le comment. Et si c’était à refaire, referaient-ils les mêmes erreurs? Recréeraient ils le même univers? Les mêmes déviances et violences? Bizarrement l’art est absent de cet univers… C’est toute l’attraction des mondes de la planète des singes… je crois
Merci pour cette analyse. Les singes, ces seuls êtres qui restent avec nous de la florissante famille des primates. Ils questionnent sans fin notre différence supposée et son origine. Le pourquoi. Le comment. Et si c’était à refaire, referaient-ils les mêmes erreurs? Recréeraient ils le même univers? Les mêmes déviances et violences? Bizarrement l’art est absent de cet univers… C’est toute l’attraction des mondes de la planète des singes… je crois