Chiara Mastroianni a beau avoir dépassé la cinquantaine et s’être fait un prénom, elle est encore et toujours renvoyée à son encombrante généalogie. Un beau jour, elle décide de franchir le pas et de se travestir : elle sera Marcello. Son entourage réagit différemment. Catherine Deneuve, sa mère, et Benjamin Biolay, son compagnon (le couple s’est en fait séparé en 2009), s’amusent de cette lubie ; au contraire Melvil Poupaud, son ancien petit ami, et Nicole Garcia qui s’apprête à la diriger dans son nouveau film, ne la comprennent pas et s’en irritent ; quant à Fabrice Luchini, qui sera son prochain partenaire au cinéma, il se fait une fête de devenir le meilleur ami de « Marcello ».
Sélectionné en compétition officielle à Cannes, Marcello Mio y a été fraîchement accueilli et en est revenu bredouille. Les avis de la critique et de mes amis sont très tranchés : certains adorent, d’autres détestent. Quant à moi, je ne sais pas vraiment qu’en penser.
Certes Marcello Mio est un film original basé sur une idée culottée, une fable émouvante et amusante sur l’identité, le travestissement, le travail de deuil. Certes, c’est un hommage éblouissant au septième art et à l’immense Marcello, d’autant plus touchant que c’est sa propre fille qui le lui adresse. Certes encore, Chiara M. y livre une interprétation exceptionnelle : je fais si souvent le reproche aux acteurs d’être incapablee de se renouveler d’un film à l’autre que je ne peux que saluer objectivement sa capacité à être ici ni tout à la fait la même ni tout à fait un(e) autre.
Mais pour autant, le dispositif improbable de Marcello Mio ne m’a pas convaincu. J’avais contre le film, dès que j’ai découvert sa bande-annonce, une prévention hélas irréfragable : ça ne marche pas. On n’y croit pas, tout simplement parce que ce n’est pas crédible. J’ai trouvé le temps un peu long devant une balade franco-italienne qui dure plus de deux heures et qui aurait gagné à être amputée d’un bon quart. Et surtout, j’ai eu le sentiment désagréable que j’avais déjà eu devant certains films de Christophe Honoré, qui se sent obligé de demander à ses acteurs de pousser la chansonnette même quand ils ne savent pas chanter : celui de pénétrer dans une réunion de famille à laquelle je n’avais pas été convié.
Bien sûr que ce n’est pas crédible … c’est du cinéma !;-) j’ai trouvé cette idée de faire jouer leur propre rôle par les acteurs amusante et j’y ai adhéré. Au départ c’était déconcertant mais finalement plutôt passionnant