Deux tennismen, Patrick Zweig (Josh O’Connor, le prince Charles de The Crown) et Art Donaldson (Mike Faist découvert dans le West Side Story de Spielberg), formés dans la même académie de tennis, longtemps unis comme les deux doigts de la main, se retrouvent à trente ans passés pour une ultime confrontation. Depuis leur adolescence, de l’eau a coulé sous les ponts. Art est devenu une star mondiale du tennis alors que Patrick, pourtant plus doué, n’a pas concrétisé les espoirs placés en lui. La rencontre de Tisha Duncan (Zendaya), une jeune championne dont les deux tennismen étaient tombés simultanément amoureux et qui a vu sa carrière brutalement interrompue par une fracture du genou, les a séparés.
Challengers présentait sur le papier de nombreux atouts, mis en valeur par une bande-annonce sacrément alléchante. Si j’étais vulgaire – mais je ne le suis bien évidemment pas – j’oserais dire que rarement bande-annonce aura aussi bien mérité son nom.
Le premier, pour faire oublier la phrase qui précède, est de se dérouler dans le monde du tennis, un sport longtemps ignoré du cinéma, jusqu’à quelques films récents : 5ème Set avec l’excellent Alex Lutz, Borg/McEnroe sur la rivalité qui opposa les deux stars au jeu si dissemblable, Battle of the Sexes sur la figure de Billie Jean King (interprétée par Emma Stone), le tennis féminin des 70ies et sa quête laborieuse de légitimité…
Le second, pour revenir au sujet sus-évoqué et à la désormais fameuse bande-annonce, est le triangle amoureux formé par nos trois jouvenceaux. Leur plastique avenante réjouira les spectateurs et spectatrices de tous genres et de toutes orientations sexuelles. Pour les uns, évoquons la vision trop brève de Zendaya au sortir de sa salle de bains ; pour les autres, celle des corps dénudés des deux tennismen, ruisselants de sueur dans un sauna caliente. Une scène en particulier, qui les réunit tous les trois, réussit la gageure d’être à la fois très chaste (le film est classé R aux Etats-Unis et tous publics en France) et d’un érotisme torride.
Le scénario de Challengers entrelace intelligemment plusieurs temporalités : celles de ce match de la dernière chance, celle de la rencontre des trois héros treize ans plus tôt, celle de l’évolution de leur relation agitée durant cette période. Le plus réussi sans doute est ce triangle amoureux quasiment équilatéral, puisqu’on a tôt fait de comprendre que l’attraction que les deux garçons éprouvent pour Tisha se double d’une troisième, inavouée et homosexuelle.
Hélas, n’est pas Jules et Jim qui veut. Dans son dernier set – j’aurais parlé de dernière ligne droite s’il s’était agi de cyclisme ou de Formule 1 – Challengers se prend les pieds dans le tapis – ou plutôt dans la terre battue. Et la dernière scène atteint des sommets de ridicule qui décrédibilisent le film tout entier.