Le documentariste Laurent Metterie, épaulé par sa femme, Camille Froidevaux-Metterie, philosophe spécialiste du féminisme, est allé interviewer une trentaine de garçons, entre sept et dix-huit ans. Il les a interrogés sur les sujets qui sont aujourd’hui au centre des grands débats féministes : les assignations de genre, l’amitié et l’amour, la sexualité, les violences sexistes et sexuelles, le harcèlement, la fluidité des genres, le droit des LGTBQI… Il a également interviewé une demi-douzaine de femmes du quatrième âge, qui témoignent de la condition féminine qu’elles ont vécue au siècle dernier et qu’elles ont vu lentement évoluer. Entre ces interviews face caméra sont intercalées des images muettes tournées en VHS dans les 70ies du réalisateur, alors enfant, de ses parents et de leurs amis.
Le résultat est très académique. Il n’a aucune dimension cinématographique et n’en a d’ailleurs pas la prétention. Ramené à cinquante-deux minutes, il ferait un parfait documentaire de télévision.
Les « petits mâles » qui y sont interviewés ne sont pas, comme son titre pouvait le laisser augurer, des condensés de machisme. Leurs réactions sont très diverses. Les plus jeunes sont les plus spontanés et les plus touchants, même si certaines de leurs saillies sont scandaleuses. Plus leur âge avance, plus leur discours s’uniformise sans qu’on puisse avec certitude se convaincre, lorsqu’ils évoquent le respect nécessaire dû aux femmes, le refus de toute inégalité, l’attachement à la liberté de choisir sa sexualité, qu’il s’agisse de leurs convictions intimes ou de la régurgitation plus ou moins fidèle du discours qu’on leur a rabâché.
Je ne suis pas convaincu par la démarche de ce documentaire en dépit de son objectif stimulant. Il échoue à nous montrer ce que les jeunes garçons pensent réellement de ces sujets-là. Son protocole trop contraint, qui n’ose pas pousser les jeunes dans leurs retranchements, le condamne à nous montrer ce qu’ils nous resservent, pensant que ce discours-là est celui que nous adultes attendons d’eux.