Une équipe de télévision locale vient filmer un fait divers dans une ferme retirée des hauts plateaux tibétains. Un léopard des neiges a pénétré nuitamment dans un enclos et y a tué neuf béliers castrés. Le fermier, furieux, refuse de le relâcher, en violation de la législation sur les espèces protégées, et réclame de l’administration d’être indemnisé pour la perte de ses bêtes.
Les amateurs de grands espaces et d’exotisme avaient vu les précédents films de Pema Tseden (1969-2023) : Tharlo (2015), Jinpa (2018), Balloon (2019). J’avais reproché aux deux premiers films de Pema Tseden leur maniérisme et leur esthétisme un peu vain. Je leur avais mis une étoile seulement. J’avais été plus indulgent avec Balloon qui s’inscrivait dans une veine plus naturaliste et lui avais mis deux étoiles.
Le Léopard des neiges s’inscrit dans la même veine du conte naturaliste sur fond de sublimes paysages désertiques. Il raconte simplement une histoire simple. Il a le mérite, sans sombrer dans le mysticisme qui souvent nimbe l’image qu’on se fait ou qu’on donne du Tibet, de décrire les relations au jour le jour qui s’y tissent. Les éleveurs tibétains, les journalistes de la capitale, les policiers Han y coexistent en bonne intelligence, maniant plus ou moins aisément le mandarin comme le tibétain et essayant tant bien que mal de construire un « vivre-ensemble ».
La principale qualité de ce film est aussi son principal défaut. Sa simplicité en épuise vite le motif. Un motif universel qui aurait pu, au plan près, mettre en scène un fier éleveur pyrénéen, révolté contre les exactions commises par les ours ou son cousin bas-alpin face à des loups. Chacun a ses raisons : l’éleveur qui entend légitimement défendre son troupeau et vivre du commerce de sa viande, comme l’écologiste qui s’enthousiasme pour la beauté et l’élégance racée de ces espèces protégées.