Carla et moi ★★☆☆

Ben (Jason Schwartzman) est chantre dans une synagogue. Il vient de perdre sa femme et sa voix. Sa mère, remariée avec une immigrée philippine convertie au judaïsme, se ronge les sangs pour lui. Son rabbin souhaite lui présenter sa fille. Mais Ben est étrangement attiré par Carla O’Connor, son ancienne professeure de musique au collège, de trente ans son aînée, qui prépare sa bat-mitsvah.

Nathan Silver n’est guère connu en France alors qu’il a déjà tourné neuf longs-métrages. Un seul était jusqu’à présent sorti en France, C’est qui cette fille ? (2016), qui m’avait laissé sur le bord du chemin. C’est que ce réalisateur creuse un sillon très américain, pour ne pas dire très new-yorkais, dont on pensait qu’il avait été essoré par l’auto-dérision décapante d’un Woody Allen : celui du Juif ashkénaze en pleine midlife crisis, coincé entre sa mère et son Dieu.

Le titre original Between the Temples renvoie à une quête religieuse, celle de Ben dont la foi vacille, celle de Carla qui a décidé de se convertir au judaïsme. Ce titre était intraduisible, les distributeurs français ont fait le pari culotté et transgressif d’un clin d’œil au couple Sarkozy, qui tombe un peu à plat car, évidemment, de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni, il ne sera jamais question dans ce film.

Le scénario avance lentement et les presque deux heures du film peuvent sembler bien longuettes. Son principal moteur est ses scènes de repas, filmées très serré par une caméra qui rebondit d’un convive à l’autre, avec un léger temps de retard, comme si elle était constamment en retard d’un temps. Celle qui réunit Carla, son fils, légitimement curieux de la nature du lien qui unit sa mère à Ben et choqué d’apprendre la conversion de sa mère, sa belle-fille et ses deux petites-filles, est malaisante à souhait. Mais le meilleur est la longue scène finale, un dîner de shabbat évidemment, qui réunit la quasi-totalité des protagonistes (Ben, ses deux mères, son rabbin et sa fille, et Carla) avec des dialogues pétaradants.

La bande-annonce