Le documentaire de David Hertzog Dessites rend au compositeur Michel Legrand (1932-2019) un vibrant hommage. En un peu moins de deux heures, il rappelle les grandes étapes de sa vie et donne à entendre ses compositions les plus célèbres : Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort, L’Affaire Thomas Crown, Yentl… Fort de la complicité qu’il avait tissée avec Michel Legrand dans les dernières années de sa vie, il nous livre les images de ses derniers concerts, notamment celui donné à la Philharmonie de Paris le 1er décembre 2018. Il interviewe les hommes et les femmes qui l’ont côtoyé : Jacques Perrin, Elie Chouraqui, Claude Lelouch, Jean-Paul Rappeneau, Natalie Dessay, Sting… et fait revivre ceux qui sont décédés : Jacques Demy, Claude Nougaro, Agnès Varda, Quincy Jones….
Il était une fois Michel Legrand est une hagiographie revendiquée. Son réalisateur confesse volontiers l’adoration qu’il voue au compositeur. Quand il évoque ses colères homériques, son caractère de chien, ce n’est pas pour l’en blâmer mais pour l’en dédouaner. Aucune zone d’ombre de sa vie ne sera stigmatisée. Ce qui ressort de ce panégyrique, c’est le talent fou de ce surdoué de la musique, formé au Conservatoire sous la férule de Nadia Boulanger, avant de se libérer de son carcan, c’est son énergie créatrice épisodiquement obscurcie par quelques épisodes dépressifs.
Pour qui aime comme moi passionnément les arrangements sublimes de Michel Legrand, ce documentaire, aussi univoque soit-il, est un délice – même si à mon sens il sous-évalue Les Parapluies de Cherbourg que je tiens comme son chef d’œuvre indépassable. Pour les autres, la soupe sera plus indigeste.