À la fin des années 90, la jeune Nevenka Fernandez se laisse convaincre de rejoindre la liste électorale menée par Ismael Alvarez, le maire sortant de la ville de Ponferrada, dans la province du Leon, dans le nord-ouest de l’Espagne. Sitôt réélu, le maire tout-puissant lui confie la délégation des finances. L’édile, de plus en plus pressant, la courtise et la jeune femme cède à ses avances. Mais quand elle décide enfin de rompre leur liaison, sa vie devient un enfer.
L’Affaire Nevenka ressemble à ces films que Les Dossiers de l’écran, l’émission hebdomadaire d’Antenne 2 des années 70 et 80, diffusait en première partie de soirée, avant qu’un cénacle d’experts ne discute du sujet du film. L’Affaire Nevenka parle d’un sujet et d’un seul : le harcèlement sexuel, évoquant sur son affiche « le premier cas #MeToo en Espagne », alors que le mouvement, on le sait, n’a été lancé qu’en 2017.
Il le fait impeccablement. Et implacablement. C’est sa principale qualité. C’est aussi son principal défaut. Car, bien vite, L’Affaire Nevenka se réduit à son sujet. Il est le face-à-face entre une ravissante jeune femme, douée et intelligente, frêle et fragile, et un ogre au physique de taureau, deux fois plus âgé que sa proie, manipulateur, ivre de son pouvoir. Ce face-à-face, aussi impressionnant soit-il, ne réserve aucune surprise. Il est prévisible de la première à la dernière minute : l’excitation de la jeune femme face à ses nouvelles responsabilités professionnelles, sa gêne face à la cour dont elle est l’objet, sa garde qui se baisse après un dîner trop arrosé, qu’elle regrette bien vite, son désarroi face à l’entêtement de son amant éconduit, jusqu’à son sursaut final et à l’injonction adressée à toutes les femmes dans une situation similaire à ne pas baisser la tête et à témoigner.
Bien sûr, le harcèlement sexuel, tel qu’il est décrit dans le film est haïssable. Et les témoignages, comme celui-ci, qui permettent d’en alerter l’opinion publique et d’en prévenir la répétition, sont louables. Mais les bons sentiments ne font pas toujours du bon cinéma. L’Affaire Nevenka est l’exemple presque caricatural d’un film qui défend mal une juste cause.