Château Rouge ★☆☆☆/ Apprendre ★☆☆☆

À une semaine d’écart, les 22 et 29 janvier derniers, sont sortis deux documentaires similaires. Ils avaient l’école pour objet et suivaient pendant une année les élèves d’une classe de troisième d’un collège du XVIIIème arrondissement pour Château Rouge de Hélène Milano et d’une école primaire d’Ivry sur Seine pour Apprendre de Claire Simon. La seconde réalisatrice est bien connue, qui a derrière elle, à soixante dix ans passés, une longue filmographie (on lui doit aussi bien des films de fiction que des documentaires). La première fut longtemps actrice avant de passer derrière la caméra.

Ces deux films partagent les mêmes qualités. Tournés selon la grammaire wisemanienne qui désormais a valeur de commandement dans le monde documentaire, sans voix off, ni explication, ils nous font pénétrer dans le cœur du système éducatif et nous y font découvrir des individus profondément attachants : de jeunes élèves, à une période charnière de leur vie, celle qui précède l’entrée au lycée pour  ceux de Chateau Rouge, au collège pour ceux d’Apprendre, et leurs professeurs à l’admirable dévouement (on imagine toutefois, mais on espère se tromper, qu’ils ont refusé que soient gardées au montage les séquences les montrant sous un jour moins favorable).

Ces deux documentaires font l’éloge de l’école républicaine sans s’apesantir sur les difficultés qu’elle rencontrerait : rien sur les classes surpeuplées, sur la dégradation du métier d’enseignant, sur la violence qui pénètre le sanctuaire scolaire ou les débats lancinants sur la laïcité. C’est au contraire une image très (trop ?) lisse de l’institution scolaire qu’ils nous renvoient où les élèves sont somme toute des gamins attendrissants – même si on pourrait être en droit de s’inquiéter de l’avenir de certains loustics de troisième – et le corps enseignant (professeurs, surveillants, principal.e) des êtres d’une infinie patience voués à l’épanouissement de leurs ouailles.

Outre cette bénévolence, ils ont, l’un comme l’autre, un défaut rédhibitoire : celui de venir après une tripotée de documentaires similaires qui traitent, avec au moins autant d’intelligence, du même sujet et de la même façon. Être et avoir, Chante ton bac d’abord, Allons enfants, La Générale, Le monde est à eux, etc. Je me souviens avoir adoré le documentaire de Claire Simon Récréations en 1992. Le souvenir enthousiaste que j’en ai gardé tient-il à la qualité intrinsèque de ce documentaire ? ou au fait qu’à l’époque c’était la première fois que j’en voyais un sur ce sujet ? Toujours est-il que je me demande pourquoi, plus de trente ans plus tard, Claire Simon retourne le même film redondant.

La bande-annonce de Château Rouge
La bande-annonce d’Apprendre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *