Il y a huit ans, Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière, avait réalisé Lumière ! L’Aventure commence. Il y présentait une centaine des très brefs films des frères Lumière, merveilleusement restaurés. Fort du succès de ce documentaire, et grâce au travail de restauration toujours en cours, Thierry Frémaux en présente cent autres, moins connus que les premiers. Éclairés par ses commentaires intelligents, ils révèlent le génie novateur des pères du cinéma.
Écrire une critique mitigée de ce documentaire, c’est à la fois remettre en cause le génie des inventeurs du cinéma et s’attaquer à l’un de leurs avocats les plus respectés.
Le génie des premiers n’est guère contestable. A partir de rien, ils ont inventé un art. On aurait aimé connaître comment ils en ont fait une industrie ; mais tel n’est pas l’objet de ce documentaire qui s’attache uniquement à leur démarche artistique et au soin avec lequel ils composaient chaque prise. À regarder les films des frères Lumière, on a l’impression qu’ils ont inventé tous les genres.
C’est peut-être l’académisme plat avec lequel Thierry Frémaux présente leurs œuvres qui suscite quelques réserves. Thierry Frémaux se laisse emprisonner dans un exercice qui devient vite répétitif : nous montrer, l’un après l’autre, cent-vingt courts métrages. Sans doute organise-t-il sa présentation autour d’une dizaine de thèmes, insistant par exemple sur les témoignages que les frères Lumières nous livrent de la France et du monde de la toute fin du dix-neuvième siècle. Mais cette structuration n’épargne pas au documentaire un rythme qui devient vite lassant.