Une pointe d’amour ★★☆☆

Mélanie (Julia Piaton), une avocate handicapée atteinte d’une maladie dégénérative, décide d’offrir à son meilleur ami Benjamin (Quentin Dolmaire), paraplégique et, comme elle, condamné à la solitude affective, un cadeau original : une virée dans un bordel espagnol. Pour les y véhiculer, Mélanie recrute l’un de ses clients, Lucas (Grégory Gadebois), un ex-taulard qu’elle vient de réussir à faire libérer.

Une pointe d’amour se présente comme le remake d’un film espagnol très réussi, Hasta la Vista (2011). Il en emprunte le motif, le voyage en minivan d’une bande de handicapés vers un bordel pour y goûter, au moins une fois dans leur vie, aux joies de l’amour physique. Mais il en modifie la structure : le film espagnol avait pour héros trois handicapés alors que le film français se referme sur le couple Mélanie-Benjamin. Le couple, car dès les premières images on a le pressentiment qu’Une pointe d’amour nous racontera l’histoire de la formation sans cesse retardée de ce couple, empêchée par leur handicap. Autre pressentiment : le film se conclura par la mort tragique de Mélanie dont le cœur est voué à lâcher brutalement.

Le scénario tranquille de ce road movie gentillet confirmera – ou pas – nos pressentiments. Son thème central est le handicap. On ne l’évoquait jamais au cinéma au siècle dernier (je me creuse sans succès la tête pour citer un seul titre [post scriptum : mais si ! Le Huitième Jour (1996)]). C’est devenu un marronnier depuis dix ans : Intouchables, Hors normes, Un p’tit truc en plus, Mon inséparableSimón de la montaña pas plus tard que la semaine dernière…. Cette irruption mériterait une analyse cinématographique et politique plus approfondie. Que dit-elle de notre société ?

Une pointe d’amour (un titre que je n’ai pas compris) vaut surtout par son trio d’acteurs. Quentin Dolmaire ne m’avait pas convaincu dans ses premiers rôles chez Desplechin. Je trouvais horripilante sa diction languissante. Mais force m’est de reconnaître qu’il est parfait dans le rôle de Benjamin. Julia Piaton, qui ressemble de plus en plus à sa mère, Charlotte de Turckheim, est elle aussi parfaite de beauté translucide, de fragilité et de détermination. Mais c’est Gregory Gadebois qui décroche, comme à chaque fois, le pompon. Ce qu’il réussit à communiquer, avec un haussement de sourcil, une intonation de voix, est hallucinant.

Road movie en fauteuil, Une pointe d’amour ne restera pas dans les annales. Il n’en a pas d’ailleurs l’ambition. Mais c’est un film sympathique qui se laisse agréablement regarder.

La bande-annonce

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