Jessica, Perla, Julie, Ariane et Naïma ne sont pas encore sorties de l’adolescence. Elles sont hébergées à Liège dans un centre d’accueil qui les aide à devenir mères.
Les frères Dardenne sont de retour, trois ans après Tori et Lokita. Et bien sûr, leur film, comme la quasi-totalité des précédents depuis La Promesse en 1996, était en compétition à Cannes – d’où il est reparti avec le Prix du scénario.
S’il est joué par des actrices, Jeunes Mères semble marquer le retour des frères Dardenne à leurs débuts dans le documentaire. Il s’emploie en effet, avec un soin presque excessif, à radiographer la situation des jeunes mères célibataires confrontées à une grossesse précoce. L’échantillon des cinq jeunes femmes retenues est parfaitement représentatif. On y trouve une Maghrébine et une Noire. Quatre ont déjà eu leur enfant, la cinquième va accoucher dans quelques semaines. Deux sont en couple, Julie avec un apprenti boulanger qui lui apporte la stabilité qui lui manque, Perla avec un repris de justice qui refuse d’assumer ses responsabilités envers elle et envers leur enfant. Deux se battent contre leurs addictions : la drogue, l’alcool. Quasiment toutes sont en conflit ouvert avec leur famille : Ariane s’est laissé convaincre par la sienne de mener cette grossesse à terme, Jessica est à la recherche de la sienne et voudrait comprendre pourquoi elle l’a placée à sa naissance.
Ce récit choral et éclaté, qui passe alternativement d’une histoire à l’autre, fait la richesse et constitue la limite de ce film étonnamment bienveillant, rompant avec la noirceur désespérée des précédents films des frères belges. Comme à leur habitude, les Dardenne filment des individus pauvres et dignes confrontés à une situation dramatique (on pense au couple formé par Jérémie Rénier et Déborah François dans Le Fils, palme d’or 2005) ; mais cette fois-ci, le pire leur est évité. Les drames muets qui coupent en deux les films des Dardenne ne surviennent pas – même si on le frôle à un moment. Et la vérité oblige à dire que, sans ces accidents, Jeunes mères est privé de la gravité qui donnait aux précédents films des Dardenne tout leur poids et leur qualité.