La Fin des slows ★★☆☆

Laurent Metterie recycle le même dispositif que celui qu’il avait utilisé dans Les Petits Mâles pour scruter le couple : une caméra statique filmant en plan moyen une quinzaine de couples qu’il interroge.

Le titre de son documentaire m’a induit en erreur. Je pensais que « la fin des slows » renvoyait à un moment historique : celui où les couples avaient cessé de se former, comme ce fut le cas pendant les Trente Glorieuses, sur les pistes des dancings ou des night clubs, à l’occasion des rapprochements discrets que la musique slow permettait. Je pensais qu’il évoquerait les nouvelles modalités de la rencontre amoureuse : au travail, dans les salles de sport, sur les sites de rencontres et les réseaux sociaux….

Le titre se prêtait aussi à une autre lecture : la « fin des slows » aurait pu renvoyer à ce moment du couple où la passion amoureuse des commencements a cessé de brûler, où le couple s’installe dans une lente routine et court le risque de l’affadissement. 

Mais le documentaire de Laurent Metterie n’évoque aucun de ces deux sujets. Il en traite un autre, plus banal, qui aurait pu lui servir de titre : le couple aujourd’hui.

Il a un mérite : la qualité de son échantillonnage. La Fin des slows filme des couples des villes, des couples des champs, des jeunes, des vieux, des homos et des hétéros, des tradis et des poly-amoureux. La Fin des slows avait pour ambition de couvrir le champ. Mission accomplie.

Le parti pris est d’interroger les deux membres du couple systématiquement ensemble. Leurs réponses auraient été sans doute différentes s’ils avaient été interrogés séparément. D’ailleurs un des intérêts du documentaire est de montrer les interactions que suscitent ces questions entre les deux membres du couple : la réponse de l’un provoque la réaction de l’autre…. et vice versa.

La loi du genre (!) est de poser la même liste de questions à tous les couples. Viennent sur le tapis la répartition des tâches domestiques, la charge mentale, la sexualité, l’attachement au couple et à ses valeurs…. Se dessine ainsi une sociologie du couple en 2025 qui peut-être, si elle résiste à l’usure du temps, aura valeur de témoignage historique dans un demi-siècle, comme l’est aujourd’hui la France des années 60 dans Le Joli Mai de Chris Marker ou dans Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin

La bande-annonce

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