Matthias travaille pour MyCompanion, une société de service qui loue le compagnon idéal. Il accompagne une vieille dame qui veut parader à l’opéra, se fait passer pour un pilote d’avion auprès des camarades d’école d’un orphelin, sert de répétiteur à une femme qui hésite à se séparer de son mari… Mais à force de se glisser avec talent dans la peau des autres, Matthias est en train de perdre pied. Sa femme lui reproche d’être devenu une enveloppe vide.
Peacock nous vient d’Autriche. Il m’a rappelé les films glaçants d’Ulrich Seidl (Sparta, Rimini) ou de Jessica Hausner. Les critiques évoquent à son sujet Her de Spike Jonze dont le héros , interprété par Joaquin Phoenix, retrouvait goût à la vie au contact d’une intelligence artificielle sensuelle. Nous sommes dans la même dystopie, pas si futuriste, puisque des agences de location du même genre existeraient déjà au Japon.
Peacock nous donne à voir plusieurs situations dans lesquelles le recours à un compagnon de location s’avère utile ou au contraire désastreux. À accumuler les saynètes, il aurait couru le risque du film à sketches. Aussi suit-il un autre fil rouge : celui de la personnalité de Matthias qui, justement, n’en a plus à force d’emprunter celles des autres.
Cette perspective-là s’avère en fait décevante. Car elle se réduit à une alternative binaire : Matthias réussira-t-il à retrouver en lui l’élan vital qui semble l’avoir abandonné et, en rejetant un métier qui l’asservit, à recouvrer son identité ? La réponse, qui ne fait guère de doute, survient à l’issue d’une scène qui rappelle The Square de Ruben Östlund et qui est presque aussi malaisante.