En première ligne ★★★☆

Floria (Leonie Benesch découverte l’an passé dans La Salle des profs et revue dans 5 septembre) est infirmière à l’hôpital cantonal de Bâle. Dans un service en sous-effectif, elle va devoir faire face sans un instant de répit à tous les imprévus d’une journée de travail en tentant de s’occuper au mieux des patients dont elle a la charge.

En voyant la bande-annonce de ce film suisse (sa réalisatrice avait signé en 2017 un film délicieux sur la tardive reconnaissance du droit de vote des Suissesses), je redoutais par avance un double écueil. Le premier : un film bien-pensant sur la grandeur et la servitude du métier d’infirmière. Le second : un scénario dont on connaît par avance le début (le commencement de la journée de travail d’une infirmière), le milieu (les mille et uns petits faits banals qui émaillent la journée d’un service) et la fin (l’héroïne épuisée mais fière du travail accompli quitte enfin l’hôpital).

« En première ligne », une expression popularisée par la pandémie du Covid-19, traduction plutôt réussie du titre original « Heldin » (« Héroïne » dont la polysémie a peut-être fait hésiter les distributeurs français) n’évite pas ces deux écueils.

C’est d’une part un film à la gloire de la profession médicale. On en a vu tellement qu’on pourrait finir par s’en lasser, qu’il s’agisse de fictions (Voir le jour avec Sandrine Bonnaire qui se déroulait dans un service de maternité, Patients de Grand Corps Malade, Pupille, un film quatre étoiles, L’Ordre des médecins avec Jérémie Renier, Sage-Femmes …) de documentaires (De chaque instant de Nicolas Philibert sur la formation de jeunes infirmières, Premières urgences dans un service d’urgences d’un hôpital public du 9.3, Notre corps de Claire Simon, H6 à Shanghai, Toubib, Madame Hoffmann, État limite… ou tout récemment encore Sauve qui peut) ou encore de séries (Urgences, Grey’s Anatomy, Dr House, Scrubs, Nip/Tuck, The Knick, Hippocrate…).

C’est d’autre part un scénario qui ne recèle aucune surprise. Comme l’annonçait la bande-annonce (!), En première ligne raconte les mille et uns petits faits banals d’une journée banale de la vie d’une banale infirmière dans un service en tension : le patient acariâtre qui réclame sa tisane, celle qui fume en douce, celui qui fait une réaction anaphylactique à un médicament contre-indiqué, celui qui refuse la sonde gastrique avant un scanner, celle que la fille à l’autre bout du monde cherche en vain à joindre au téléphone, etc.

Pour autant, En première ligne n’en est pas moins un film remarquablement réussi. La recette en est simple : un tempo qui ne se relâche jamais – et qui rappelle celui, diablement efficace de Laure Calamy dans À plein temps. Il nous tient en haleine de la première à la dernière minute. En première ligne est terriblement immersif, quasiment irrespirable. On s’identifie totalement à son héroïne, partage son stress et a envie de lui taper sur l’épaule pour lui dire : « prends cinq minutes et va faire pipi ».

La bande-annonce

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