Fantôme utile ★☆☆☆

Pour nettoyer la poussière qui s’accumule dans son appartement un homme achète un aspirateur qui lui joue bientôt des tours. Le SAV lui envoie un réparateur qui lui raconte une incroyable histoire, celle de Nat l’épouse d’un veuf inconsolable, qui s’est réincarnée… en aspirateur.

Le pitch de ce film thaï et sa bande-annonce déjantée pourraient laisser augurer une loufoquerie bizarre façon Rubber de Dupieux, où un pneu semait la terreur. C’est d’ailleurs ce créneau-là qu’explore Fantôme utile pendant sa première moitié. Elle contient quelques scènes franchement drôles où le mari de Nat enlace sensuellement son aspirateur de femme sous les yeux de sa famille consternée.

Mais le film, après un long ventre mou dans lequel il manque de s’enliser, prend dans sa seconde partie un autre tour, nettement moins cocasse. Il devient politique, convoquant les âmes errantes des manifestants torturés en 2010 par la dictature thaïe dont la mémoire continue à hanter à la fois leurs tortionnaires et leurs proches éplorés.

On reconnaît chez Ratchapoom Boonbunchakoke les mêmes influences que son aîné Apichatpong Weerasethakul (sic !). Les fantômes de Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, Palme d’or 2010, sont les cousins de ceux de Fantôme utile. Je ne connais pas assez la culture thaïe pour savoir si elle est particulièrement perméable aux esprits et à l’au-delà. Tout au plus puis-je déduire de ces films que cette thématique est très présente dans son cinéma.

Autre similarité entre ces deux réalisateurs dont j’ignore si elle peut être généralisée : leur lenteur. Une lenteur pour moi rédhibitoire qui a failli me conduire à déserter la salle tant je sombrais dans un ennui cataleptique. J’ai un souvenir physiquement douloureux des films de Weerasethakul qui, en dépit de toutes les qualités qu’on veut bien y trouver, m’ennuient à périr.

Une amie toulonnaise a adoré Fantôme utile et me l’a chaleureusement recommandé. J’aimerais vous le conseiller avec le même enthousiasme qu’elle. Car c’est un film profondément original, comme on n’en a jamais vu, qui, au-delà de sa superficialité affichée, de sa bouffonnerie revendiquée, développe un message profondément politique. Mais j’y ai trouvé le temps tellement long que j’ai scrupule à vous imposer ce pensum.

La bande-annonce

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