L’Évangile de la révolution ★☆☆☆

En Amérique latine, dans les années 70 et 80, l’Eglise catholique s’est dressée contre les dictatures militaires. Au nom de la « théologie de la libération », elle a pris le parti des plus pauvres contre la domination des plus riches. Elle a appuyé des mouvements révolutionnaires et s’est attirée les foudres du pape Jean-Paul II.

Documentaliste altermondialiste, François-Xavier Drouet a beaucoup voyagé en Amérique latine et y a été influencé par les pratiques zapatistes du pouvoir. En bon marxiste, il pensait, de son propre aveu, que la religion se résumait à l’opium du peuple avant de reconsidérer ses certitudes et de porter sur le fait religieux en Amérique latine un regard moins réducteur. Il souligne combien le message porté par la théologie de la libération rejoint celui des mouvements révolutionnaires : agir pour un règne de justice en faveur des plus pauvres.

Son documentaire est divisé en quatre parties qui se déroulent successivement au Salvador, au Brésil, au Nicaragua et au Mexique. On découvre l’histoire souvent mal connue de ces pays où des dictatures se sont heurtées à des mouvements révolutionnaires. Des hommes d’Eglise se sont courageusement dressés contre les pouvoirs établis : Monseigneur Óscar Romero au Salvador, assassiné en 1980 en pleine messe, Dom Hélder Câmara ou Leonardo Boff au Brésil

En faisant étape au Nicaragua, le voyage auquel nous invite F.-X. Drouet évoque un pays où la dictature a été renversée. La rébellion sandiniste a pris le pouvoir et y a hélas reproduit les mêmes mécanismes de domination que ceux qu’elle entendait éradiquer.

Le choix de ces quatre pays pourra sembler arbitraire. Le documentaire en oublie d’autres, aussi importants dans l’histoire de l’Amérique latine et dans celle de la théologie de la libération, comme le Pérou ou l’Argentine. On pourra également reprocher au montage sa division un peu simpliste qui aurait mieux convenu à un reportage en plusieurs épisodes qu’à un film en un seul tenant.

Aux quatre épisodes s’ajoute un dernier en forme d’épilogue. Alors que les quatre premiers évoquaient le passé, celui-ci évoque le présent et l’avenir. Il dresse le bilan de la théologie de la libération. Bilan mitigé : certes les dictatures sont tombées, mais la démocratie en Amérique latine reste fragile, comme le montrent l’exemple brésilien et les dérives extrémistes du président Bolsenaro. Quant à la religion catholique, elle souffre de la concurrence grandissante des mouvements évangéliques. F.-X. Drouet filme un sermon hallucinant d’un pasteur dément dans un temple brésilien. Il donne froid dans le dos.

La bande-annonce

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