Berlinguer, la grande ambition ★★☆☆

Enrico Berlinguer a dirigé le Parti communiste italien de 1972 à sa mort en 1984. Ce biopic d’Andrea Segre (L’Ordre des choses, La Petite Venise) se concentre sur les années 1973-1978. Au début : le voyage piégeux de Berlinguer en Bulgarie où il manque d’être assassiné par les sicaires de Todor Jivkov. À la fin : l’assassinat sordide d’Aldo Moro, le chef de la Démocratie chrétienne par les Brigades rouges. Entre ces deux dates, un double mouvement : Berlinguer s’emploie à s’affranchir de la tutelle de l’URSS et à conclure avec la Démocratie chrétienne, dont le début du déclin lui avait fait perdre sa majorité à la Chambre, un « compromis historique ».

Andrea Segre  a ressuscité une figure oubliée de la politique italienne, celle du secrétaire général du Parti communiste à l’époque où celui-ci était le plus puissant d’Europe occidentale, au point d’arriver aux portes du pouvoir, au grand dam des Américains. N’oublions pas qu’en France, à la même époque, Georges Marchais signait avec François Mitterrand le Programme commun qui permit la victoire du leader socialiste aux élections présidentielles de 1981… ce qui marqua le début de l’inexorable déclin du PC qui quitta le Gouvernement dès 1984.

Ce biopic a remporté un succès étonnant en Italie où il est sorti l’an dernier. Il a valu à Elio Germano (Suburra, Alaska, America Latina…) le Donatello mérité du meilleur acteur, pour son interprétation habitée.

Berlinguer est un film d’atmosphère et de sensation. Les décors, les maquillages nous font profondément ressentir les situations : les couloirs immenses du Kremlin et la corpulence taurine de Brejnev écrasent le frêle Berlinguer, les airs de chattemite d’Andreotti laissent augurer les compromissions dans lesquelles le PCI risque de se laisser entraîner….

Hélas, pour un film sur la politique, Berlinguer en parle peu. Il nous la montre ; il nous la fait ressentir à travers les effets palpables que l’engagement politique a sur l’homme Berlinguer (à l’instar du documentaire consacré à Laurent Berger sorti la semaine d’après le Dernier Compromis). Mais il échoue à nous faire comprendre, dans toutes ses subtilités, les enjeux de « l’eurocommunisme ».

La bande-annonce

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